C’est par un communiqué lapidaire, précisant seulement que la décision, « complète et motivée », que le Front national a annoncé l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, qui était jusque-là son président d’honneur.
L’intéressé s’est dit « indigné » et « victime d’un guet-apens » sur la chaîne d’information française I-télé après avoir appris son exclusion, parlant de « peloton d’exécution ». Il a chargé « sans délai » son avocat de faire un recours pour faire annuler cette « pseudo-condamnation », a-t-il précisé dans un communiqué.
Marine Le Pen, présidente du FN, a confié à l’AFP, à peine cette décision rendue, que cette « issue » était logique : « Jean-Marie Le Pen a enclenché un processus dont il connaissait l’issue en multipliant les fautes depuis de longues semaines, qui ne pouvaient qu’entraîner une décision de ce type ».
« Une décision déjà prise à l’avance », a pour sa part regretté l’avocat de Jean-Marie Le Pen, Frédéric Joachim. « C’est la chronique d’une mort annoncée, depuis 2011 (le vice-président du FN Florian) Philippot veut la mort de Jean-Marie Le Pen », a-t-il estimé sur la chaîne d’information française BFMTV.
Cinq mois de bras de fer
Jean-Marie Le Pen avait été convoqué par sa fille fin juillet pour répondre à 15 griefs, notamment pour ses propos réitérés sur les chambres à gaz, devant la plus haute autorité du parti, réunie en formation disciplinaire. Marine Le Pen elle-même n’assistait pas à cette réunion pour ne pas « être juge et partie ».
Cet épisode est le énième et brutal rebondissement, entre déclarations fracassantes et guérilla judiciaire, d’une crise ouverte depuis cinq mois. M. Le Pen, déjà convoqué début mai pour s’expliquer sur ses propos, avait été suspendu comme adhérent.
Mais la justice a annulé cette décision, le FN faisant aussitôt appel. La justice a aussi suspendu le congrès postal prévu pour supprimer des statuts le titre de président d’honneur. Le parti a néanmoins publié les résultats de ce congrès, 94% des adhérents se prononçant en faveur de ces modifications.