Le groupe ivoirien Sifca, actif dans l’huile de palme, le caoutchouc et le sucre, a publié ses résultats annuels pour 2014. Le leader de l’agro-industrie annonce des revenus en baisse d’environ 12 %, passant de 511 milliards de F CFA en 2013 à 449 milliards (environ 685 millions d’euros) l’année dernière. Les bénéfices ont quant à eux été divisés par quatre, passant de 24 milliards de F CFA à 6 milliards (environ 9 millions d’euros).
Caoutchouc
Dans un communiqué, le groupe contrôlé par la famille Billon, Alassane Doumbia (héritier d’Yves Lambelin) et les groupes singapouriens Wilmar et Olam explique cette évolution négative par les difficultés connues dans la branche caoutchouc.
« La branche caoutchouc du groupe (dont le holding de tête est la société SIPH cotée à l’Euronext en France) a connu un repli de son chiffre d’affaires de l’ordre de 30 % dans un contexte de bas de cycle. En effet, exprimé en euros, le cours moyen du caoutchouc (SICOM 20) a été de 1,28 euros/kg comparé à 1,90 euros/kg en 2013. La production totale de caoutchouc s’est maintenue autour de 160 milliers de tonnes », a expliqué le groupe qui a précisé que le chiffre d’affaires de la branche d’activité sucre avait connu une légère baisse (non précisée), tandis que l’activité huile de palme voyait ses revenus progresser par rapport à 2013 (d’un montant non précisé non plus).
La très forte baisse des bénéfices s’explique également par « des pertes financières dans l’activité oléagineuse au Ghana », en raison de la crise des finances publiques connues par ce pays et la forte dépréciation de la monnaie locale, le cédi.
Diversification
Depuis 2012 et le retournement des cours du caoutchouc, les résultats de Sifca n’ont cessé de baisser. Ses revenus ont reculé de 16 % tandis que ses bénéfices sont passés de 101 milliards en 2011 (année exceptionnelle pour le résultat net du groupe) à 6 milliards en 2014, soit une chute de 94 %.
Si le groupe, né dans le cacao (secteur qu’il a abandonné il y a une quinzaine d’années) et leader de l’hévéa en Afrique depuis, est habitué à subir les contre-coups des fluctuations du cours des matières premières, cet effondrement de la rentabilité sonne toutefois comme un avertissement pour ses actionnaires.
La diversification dans l’huile de palme (des champs jusqu’à l’huile alimentaire), dont l’un des objectifs était de contrebalancer les mouvements des prix de l’hévéa, ne porte pas (à ce titre) totalement ses fruits. Le lancement d’un nouveau pôle plus stable, dans les énergies renouvelables, reste le principal espoir pour mieux stabiliser les revenus : le projet Biokala de transformation des tronc et feuilles de palme en électricité a reçu le soutien d’EDF et Bouygues mais n’est pas encore entré en phase finale.
Nouveau patron dans l’huile
Dans son communiqué, Sifca a annoncé le maintien global de sa stratégie de croissance, évoquant sans davantage de détails « quelques réaménagements pour tenir compte du contexte économique ». Peut-être qu’il faut lire dans ce cadre la nomination la semaine dernière d’un responsable pour l’ensemble des activités oléagineuses du groupe. Jusqu’alors patron de Wilmar Africa et auparavant dirigeant du groupe est-africain Bidco, Kodey Rao supervisera les sociétés ivoiriennes PalmCI (première transformation) et Sania (huile alimentaire), la filiale sénégalaise Sendiso et la société libérienne Maryland Oil Palm (MOPP).
La stabilisation des cours du caoutchouc ces derniers mois devrait également donner un peu d’air à Sifca.