Christian Adovèlande s’affirme à la tête de la BOAD

Président de l’institution financière pour encore cinq ans, il lance un ambitieux plan de financement de sa banque et des pays d’Afrique de l’Ouest.

Christian Adovèlande, président de la BOAD. © Vincent Fournier / J.A

Christian Adovèlande, président de la BOAD. © Vincent Fournier / J.A

Publié le 1 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

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C’est par intérim que la présidence de la BOAD lui fut confiée en 2011, après la démission de son compatriote Abdoulaye Bio-Tchané, candidat malheureux à l’élection présidentielle au Bénin cette même année. Mais depuis le renouvellement de son mandat pour six ans en juin 2014, Christian Adovèlande est perçu comme l’homme de la situation, tant il connaît l’institution. Plutôt que de provoquer une rupture dans la stratégie de la BOAD, Adovèlande a d’abord poursuivi les chantiers de son prédécesseur (engagements dans l’énergie et l’agriculture, recherche d’instruments facilitant la levée de fonds), avant de lancer son propre plan 2015-2019. Objectif : faire de la BOAD « une banque de développement forte, pour l’intégration et la transformation économiques en Afrique de l’Ouest ». Pour y parvenir, le successeur de Bio-Tchané devra trouver 5 763 milliards de F CFA (8,79 milliards d’euros). Plus du double de ce qui a été investi en quarante ans. Mais depuis son bureau du siège futuriste de la BOAD, à Lomé, le président se montre optimiste.

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« Il cultive la discrétion, il est timide, mais c’est un vrai homme d’action », explique un proche d’Adovèlande. Au-delà du marché sous-régional, l’institution pourrait faire appel aux marchés internationaux. Auparavant, elle devra passer par l’évaluation d’une agence de notation. Ce titulaire d’une maîtrise en sciences économiques, diplômé en études supérieures de banques et finances, a rejoint la BOAD en 1978, avant d’en gravir tous les échelons. Devenu secrétaire général délégué du Fonds de garantie des investissements privés en Afrique de l’Ouest (Gari SA), une institution créée par la BOAD en 1994, Adovèlande a ensuite été promu président de Cauris Management SA, un fonds de capital-investissement relevant lui aussi de la BOAD, avant d’être nommé en 2002 président de la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDC).

Le changement de cap de la BOAD doit être impulsé dès cette année. Outre les secteurs traditionnels de financement (infrastructures, énergie), la banque intégrera davantage les enjeux liés au changement climatique. « Nous avons décidé d’orienter nos investissements pour relever ce défi, car le changement climatique a des répercussions sur l’agriculture, d’où la création d’un département de développement durable », confie Adovèlande à Jeune Afrique. Il a aussi décidé de positionner la BOAD sur les grands chantiers des partenariats public-privé (PPP) dans les pays membres ; aussi est-il choyé par les chefs d’État de l’UEMOA. « Le président Ouattara a compris que la BOAD est un instrument important, qu’il met à contribution sur les grands projets du pays », explique un conseiller de la présidence ivoirienne.

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L’ambition d’Adovèlande pourrait être contrariée par la rareté des ressources concessionnelles (les prêts des grandes institutions de développement comme la Banque mondiale), la lenteur des réformes macroéconomiques et de l’amélioration du climat des affaires dans les États membres. L’absence d’une stratégie commune et d’un cadre réglementaire régional pour les PPP sera aussi un obstacle. Si la BOAD a pu être un tremplin pour faire de la politique au Bénin, comme ce fut le cas pour l’actuel président Thomas Boni Yayi ou pour son challenger Abdoulaye Bio-Tchané, Adovèlande s’interdit cette visée. Pour lui, seule la bataille de l’émergence économique mérite d’être livrée. « Je me définis comme un soldat du développement, et je suis peut-être devenu un général dans le domaine », lance-t-il. Sur son bureau traînent plusieurs ouvrages dont Breakout Nations. In Pursuit of the Next Economic Miracles, un best-seller de l’économiste indien Ruchir Sharma. L’obsession de la croissance n’est jamais loin.

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Par Baudelaire Mieu, envoyé spécial à Lomé

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