Tunisie Leasing veut gagner du crédit au sud du Sahara

Leader dans son pays, la société tunisienne de crédit-bail s’attaque à l’international. Avec un atout : sa participation majoritaire dans Alios Finance, acteur historique du secteur déjà présent dans neuf pays.

Pour le rachat d’Alios, la société tunisienne a été soutenue par son actionnaire. © Wikimedia Commons

Pour le rachat d’Alios, la société tunisienne a été soutenue par son actionnaire. © Wikimedia Commons

Publié le 1 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

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Pour l’heure, la société tunisienne ne veut pas commenter l’opération, dont le montant reste confidentiel. Pionnier local du crédit-bail, Tunisie Leasing a pris fin 2014 le contrôle de 59,34 % d’Alios Finance, acteur historique de ce secteur en Afrique subsaharienne. Déjà détenteur de 4,6 % de ce géant, elle a été épaulée dans cette opération par son actionnaire de référence, la banque tunisienne Amen Bank, par Proparco, filiale de l’Agence française de développement axée sur le secteur privé, et par le fonds d’investissement ResponsAbility. « D’un côté, Tunisie Leasing est une success-story en Tunisie et chez son voisin via sa filiale Maghreb Leasing Algérie (MLA). De l’autre, Alios Finance est le seul à être présent dans neuf pays subsahariens (Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Zambie, Kenya et Tanzanie). La complémentarité est évidente », s’enthousiasme Mahdi Ben Hamden, directeur des opérations d’Alios Finance et responsable de la zone Afrique francophone.

Expansion

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De nombreux observateurs saluent un rapprochement prometteur. « Tunisie Leasing a toujours eu un intérêt pour le reste de l’Afrique », estime Leila Kammoun, analyste au sein de la société d’intermédiation Tunisie Valeurs (détenue à 30 % par Tunisie Leasing). « En matière de financement, le leasing est plus adapté à l’économie subsaharienne – où l’informel est très présent – que les prêts bancaires. Le sud du Sahara est un marché naturel d’expansion, qui facilitera l’implantation des groupes tunisiens dans le reste du continent », souligne-t-elle. « Le leasing résout le problème des garanties hypothécaires exigées par les banques. Souvent, la seule garantie que peuvent offrir les PME, c’est leur matériel », confirme Riadh Naouar, spécialiste du leasing au sein de la Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale. La Tunisie est certes l’un des pays africains les plus avancés en la matière. Environ 15 % des investissements sont financés par ce biais. Cependant, ce marché présente peu de perspectives de développement pour Tunisie Leasing, qui s’octroie déjà 20 % du secteur.

Le crédit-bail est plus adapté à l’économie informelle africaine que le secteur bancaire.

« La croissance du pays est très faible. Les investissements ne sont pas près de repartir, constate Bassem Neifar, analyste financier chez Alpha Mena. C’est l’activité algérienne qui est actuellement la locomotive du groupe, grâce à des actifs exceptionnels. » Mi-avril, MLA a lancé un emprunt obligataire d’un montant de 20 millions d’euros sur ce marché. Réservé aux institutionnels et proposé à un taux de 2,5 %, il a été souscrit à 123 %. Mais c’est au sud du Sahara que Tunisie Leasing souhaite poursuivre son développement. « Sur les marchés subsahariens, où seulement 2 % des investissements des PME sont financés par le leasing, Alios Finance est en position de force, affirme Riadh Nouar. Et grâce à sa bonne gouvernance et sa gestion du risque, Tunisie Leasing a tous les atouts pour soutenir sa nouvelle filiale. C’est un deal gagnant-gagnant ». Pour Bassem Neifar, l’Afrique subsaharienne représente « un gisement de croissance ».

Toutefois, l’analyste d’Alpha Mena temporise en mettant en avant le risque politique. « Dans cette région, il peut y avoir un coup d’État du jour au lendemain. » Mais Riadh Naouar estime que le pionnier tunisien du crédit-bail réussira en dépit du manque d’informations disponibles sur les PME subsahariennes. « Tunisie Leasing a des équipes expérimentées et saura mettre en place une politique de refinancement, estime-t-il, d’autant que la société pourra s’appuyer sur Amen Bank – elle aussi très intéressée par une expansion hors de la Tunisie – pour conclure des partenariats avec des banques locales. »

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