Des générateurs électriques qui manquent de diesel, des avions cloués au sol, des voitures moins nombreuses sur les routes et une explosion du prix des courses de taxi à Lagos (ils ont plus que quadruplé). Au Nigeria, l’économie tourne un peu au ralenti depuis près d’un mois, conséquence d’une des pires pénuries d’essence connues par le pays ces dernières années.
Premier producteur de pétrole du continent africain, avec 2 millions de barils de brut extraits par jour, le Nigeria doit importer l’essentiel de son carburant en raison de ses faibles capacités de raffinage. Les Nigérians dépendent ainsi des importateurs de produits pétroliers qui ont choisi de stopper la distribution il y a un mois en raison, disent-ils, d’arriérés de paiement d’une valeur de 200 milliards de nairas (environ 904 millions d’euros) dus par le gouvernement sortant de Goodluck Jonathan.
L’État verse en effet des subventions aux importateurs afin de contrôler les prix et s’assurer de leur uniformité dans l’ensemble du pays. Or, avec l’effondrement du cours de l’or noir, le Nigeria est confronté à de fortes pressions sur son budget, financé à près de 80 % par les recettes pétrolières.
Un choc pour l’économie
La pénurie d’essence a forcé de nombreuses entreprises à couper leurs services. Lundi, l’institution financière Guaranty Trust Bank a fermé ses portes temporairement en raison du manque de carburant avant de les rouvrir mardi.
We’re glad to return to regular banking hours (8am to 5pm) from tomorrow 26|05 #IAmEasy Pls RT pic.twitter.com/fddv6tqopj
— Guaranty Trust Bank (@gtbank) 25 Mai 2015
Au cours des derniers jours, au moins deux importants opérateurs de téléphonie, MTN et Airtel, avaient annoncé des coupures de services dans l’éventualité où aucun accord n’était trouvé.
Diesel scarcity jeopardizes MTN operations pic.twitter.com/CfglElvngm
— MTN Nigeria (@MTNNG) 23 Mai 2015
De plus, plusieurs vols domestiques ont été annulés et certains vols internationaux ont été forcés d’atterrir dans les pays voisins pour faire le plein de carburant. Des stations de radio ont aussi été contraintes de réduire les heures de diffusion de leurs émissions. Plusieurs entreprises et familles nigérianes dépendent des générateurs alimentés au carburant pour obtenir de l’électricité.
La fin des subventions aux carburants
La crise serait cependant sur le point d’être résolue. Le lundi 25 mai, un accord a été trouvé entre le gouvernement nigérian et les principaux importateurs du carburant, rappporte Reuters.
Solution plus radicale : le nouveau président Muhammadu Buhari, qui prend les rênes du pays le vendredi 29 mai, pourrait tout bonnement mettre un terme aux subventions du pétrole. Le budget 2015 ne prévoit que 100 milliards de nairas (447 millions d’euros) au titre des subventions aux carburants, soit une baisse de 90 % par rapport à 2014.
Une précédente tentative de réduction des subventions en 2012 visant à doubler le prix du litre d’essence avait suscité une vive colère dans la population. Une grève nationale de huit jours avait même été décrétée et une partie des subventions avait été restaurée pour régler le conflit.
(Avec AFP)