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Fontaine publique à Dikhil, Djibouti © Jacques du Sordet/J.A.

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Eau : pourquoi ça ne coule pas de source

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Économie

Au Sénégal, Aquaterra sur les traces de Kirène

Avec l’entrée sur le marché des petits contenants de la marque produite par Canadian Bottling Company, l’hégémonie du leader de l’eau minérale pourrait être entamée.

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Mis à jour le 2 avril 2015 à 14:30

CBC purifie et reminéralise l’eau fournie par la Sénégalaise des eaux. © Sylvain Cherkaoui pour J.A

Ses bouteilles d’eau minérale étaient déjà disponibles dans certains hôtels et restaurants de Dakar et de la Petite-Côte, ou dans certaines stations-service comme Elton depuis plusieurs mois. Mais l’offensive de Canadian Bottling Company a véritablement débuté le 19 mars, avec le lancement d’une grande campagne publicitaire. Calé sur les prix pratiqués par le leader incontesté Kirène, CBC s’apprête à pénétrer le marché des particuliers avec sa marque Aquaterra après s’être fait une place sur le créneau des gros contenants (10 et 19 litres).

« Je m’intéresse à ce marché depuis plus de vingt ans, précise Philippe Bélanger, le directeur général de CBC. Depuis deux ou trois ans, Kirène est quasiment seul sur le marché local, il est donc normal que des concurrents émergent. » Pour l’heure, pas de quoi inquiéter Kirène, qui détient 75 % de part de marché. D’autant que, croissance démographique oblige, le marché de l’eau en bouteille, estimé à 120 millions de litres par an contre 8 millions au début des années 2000, est encore loin d’être saturé. « En quinze ans, on a rendu le prix de l’eau minérale accessible [100 à 260 F CFA le litre, soit 0,15 à 0,40 euro] et la part des eaux importées est devenue marginale », revendique Alexandre Alcantara, le directeur général de Kirène.

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Avec une capacité de production optimale d’une quinzaine de millions de bouteilles de 1,5 litre par an, CBC espère, en tournant à plein régime, assurer l’équivalent de 20 % du marché et réaliser un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de F CFA (6,8 millions d’euros). À la différence de Kirène, qui met en bouteille une source naturelle nichée sur le plateau de Diass, à une quarantaine de kilomètres de Dakar, CBC utilise l’eau fournie par la Sénégalaise des eaux (SDE).

Grâce à l’osmose inverse, un processus de filtration, le précieux liquide est « déshabillé puis rhabillé ». « On retire de 97 % à 99 % des particules présentes dans l’eau avant de la reminéraliser avec du calcium, du magnésium, etc., explique Philippe Bélanger. C’est une eau pure, agréable au goût. »

Malgré un coût de production supérieur lié au processus de purification, Philippe Bélanger estime qu’Aquaterra a les moyens de se montrer compétitive. « Les grosses compagnies comme Coca-Cola, Pepsi ou Nestlé commercialisent de l’eau purifiée, car le transport de l’eau minérale naturelle coûte cher », précise-t-il.

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Optimiste

Ce Québécois de 45 ans n’en est pas à son coup d’essai sur le marché de l’eau. En 1997, avec trois associés, il avait fondé Ba Eau Bab, qui s’est vite imposé dans le domaine des fontaines à eau et des bonbonnes de 19 litres au Sénégal. Cinq ans plus tard, il créait UMT Technologies, spécialisé dans le traitement de l’eau à usage industriel ou médical, avant de se diversifier dans le secteur de l’eau en bouteille.

Deux activités économiques et deux marchés différents qui ont conduit Philippe Bélanger à créer CBC en 2013 pour assurer exclusivement l’activité d’embouteillage auparavant gérée par UMT. Quant à savoir si le Petit Poucet Aquaterra sera en mesure de se faire une place face à l’ogre Kirène, Philippe Bélanger se montre optimiste : « Le consommateur aime avoir le choix. »

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Par Mehdi Ba, à Dakar

 

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