Politique

Burundi : le gouvernement durcit le ton après une manifestation contre Nkurunziza

Le gouvernement burundais a mis en garde l’opposition contre d’éventuels « projets de renversement des institutions » au lendemain d’une grande manifestation à Bujumbura en marge de la libération du journaliste Bob Rugurika.  

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Mis à jour le 20 février 2015 à 18:47

Des manifestants à Bujumbura célèbrent la remise en liberté provisoire de Bob Rugurika. © AFP

Les autorités burundaises musclent leur discours contre les opposants à un éventuel troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Le ministre de l’intérieur Edouard Nduwimana est monté au créneau le 20 février pour prévenir toute tentative de "soulèvement" dans le pays, au lendemain d‘une grande manifestation de soutien au journaliste Bob Rugurika, orchestrée selon lui par une opposition prête à tout pour saboter les prochaines élections.

"un soulèvement très organisé"

De fait, des milliers de personnes ont bravé l’interdiction de manifester du ministère de l’Intérieur pour célébrer la remise en liberté provisoire, le 19 février, du journaliste directeur de la très populaire Radio publique africaine (RPA), emprisonné depuis le 20 janvier. Il était  accusé d’avoir diffusé l’interview d’un homme prétendant avoir participé à l’assassinat en septembre 2014 de trois religieuses italiennes à Bujumbura, remettant en cause la version officiellement privilégiée par la justice.

La manifestation, dont le but était initialement d’accueillir le journaliste, s’est rapidement transformée en un rassemblement contre le président Pierre Nkurunziza, soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat en juin prochain.

"Notre Constitution reconnaît que les gens peuvent manifester, mais ce qui s’est passé hier (…) ça a été plutôt un soulèvement très organisé", a estimé le ministre de l’Intérieur qui a prévenu que le gouvernement ne se laisserait pas faire la prochaine fois.

Volonté de faire "tomber les institutions"

Le ministre de l’Intérieur estime que l’objectif des organisateurs de la manifestation était de faire tomber "les institutions", et d’"empêcher qu’il y ait des élections dans le pays.

Du côté de l’opposition, on estime que le chef de l’État doit entendre le peuple et ne pas se présenter à la présidentielle prévue en 2015. "Les Burundais ont envoyé un signal fort à Pierre Nkurunziza, celui-ci doit avoir le bon sens, l’humilité d’entendre ce que lui a dit la population", a estimé Agathon Rwasa leader de l’opposition qui ajoute que le président doit saisir cette "dernière chance de sortir honorablement" du pouvoir.

La tension ne cesse de monter au Burundi à l’approche des élections législatives et communales de mai, puis présidentielle de juin. Et elle se cristallise de plus en plus autour de la décision très attendue du président Pierre Nkurunziza de briguer (ou non) un troisième mandat.

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(Avec AFP)