L’armée sri-lankaise affirme l’avoir abattu avec deux de ses lieutenants. Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) démentent « catégoriquement ». Seule certitude : le corps sans vie dont la photo a été diffusée le 18 mai par la télévision publique ressemble comme deux gouttes de sang à celui de Velupillai Prabhakaran, le chef historique de la rébellion tamoule (et hindouiste), en lutte depuis plus de trente ans contre le pouvoir cinghalais (et bouddhiste).
Classique dérive de ce fils de petit fonctionnaire, tôt révolté par les discriminations dont était victime sa communauté (18 % de la population de l’île) et qui, de pillage de banque en assassinat – notamment celui du Premier ministre indien Rajiv Gandhi – et d’élimination de rivaux encombrants en attentat-suicide, avait fini par faire de l’ultraviolence son mode d’action politique quasi exclusif. Au fil des années, le militant idéaliste s’était mué en un gourou sanglant, mettant en scène dans les zones « libérées » le culte délirant de sa propre personne.
Au plus fort de leur avancée, ses Tigres (entre 10 000 et 15 000 hommes) contrôlaient tout le nord et le nord-est de l’île, 18 000 km2 au total, soit près d’un tiers du territoire. Après l’arrivée au pouvoir à Colombo, en 2005, de Mahinda Rajapakse, un « dur » résolu à en finir coûte que coûte, leur sanctuaire s’est réduit comme peau de chagrin au point de disparaître totalement. La rébellion est morte, mais, faute d’une meilleure intégration des Tamouls, elle pourrait un jour renaître de ses cendres.