Dans ce dossier
L’Afrique malade du tabac
Plus grave, il est désormais établi qu’il y a une corrélation directe entre cette filière et le financement des activités terroristes dans cette partie du continent. Dans la région de Gao, dans le nord du Mali, l’armée malienne a intercepté, le 5 mai 2009, un groupe de trafiquants de cigarettes. Les premiers éléments de l’enquête révèlent que si Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI, implanté dans le Sahel et responsable de plusieurs rapts de touristes occidentaux) n’est pas directement impliquée, elle propose un « service de protection » aux contrebandiers qui sillonnent ses zones d’influence contre une dîme sur la marchandise en provenance principalement d’ateliers clandestins au Nigeria. Si aucune étude n’a été menée pour évaluer le poids économique de cette activité, au Maroc, ce juteux trafic brasserait un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 7 milliards de dirhams, soit près de 900 millions de dollars, selon le groupe français Altadis. Outre le royaume chérifien, les autres pays du Maghreb, l’Égypte et le Moyen-Orient sont les principaux marchés visés. Ces cigarettes de contrebande proviennent d’usines de contrefaçon ou ont été détournées des circuits officiels. « Dans les deux cas, on peut parler de porosité avec l’industrie du tabac », accuse un spécialiste de l’OMS. Il cite notamment l’utilisation des filtres et du papier à cigarette. « Les ateliers de contrefaçon se les procurent auprès de fournisseurs qui ont pignon sur rue », assure-t-il.