Ces derniers avaient déclenché une grève pour réclamer la suppression du poste de secrétaire d’État chargé des conflits, dont le titulaire, le lieutenant Issa Camara, s’employait à trancher des litiges pendants devant les tribunaux tout en multipliant les attaques contre leur moralité.
« Au moment où nous nous battons pour que les Conakrykas aient accès à l’eau et à l’électricité, vous décidez de vous mettre en grève, comme si vous étiez supérieurs aux enseignants et aux médecins ! » leur a lancé Dadis, furieux. « Tous les magistrats qui ne sont pas présents à cette rencontre sont radiés de la fonction publique », a-t-il menacé, avant de conclure : « Je jure sur la tête de mes enfants que j’ai déjà signé le décret supprimant le secrétariat d’État chargé des conflits. Mandjou [le chef du bureau de presse de la présidence, NDLR], montre ce décret aux anciens Premiers ministres ici présents pour qu’ils lisent et sachent que je ne mens pas ! Mais je garde le décret jusqu’à ce que [les grévistes] soient radiés. Monsieur le Ministre de la Justice, prenez les noms de tous ceux qui sont absents. Vous voulez paralyser l’administration ? Je vais vous paralyser moi aussi ! Et si vous n’arrêtez pas, je vais vous mater. »
Mais devant l’indifférence des juges, le chef de la junte a dû faire machine arrière. Le 5 juin, il annonçait qu’il renonçait à la mesure de radiation et, le lendemain, il supprimait, par décret, le secrétariat d’État chargé des conflits. Non sans nommer Issa Camara, promu capitaine, au poste de gouverneur de Mamou, « chargé de la lutte contre les coupeurs de routes et les voleurs de bétail sur toute l’étendue du territoire ».
Ces péripéties sont caractéristiques de ce qu’on pourrait appeler « la méthode Dadis », faite de coups de gueule et de décisions intempestives, et qui inquiète de plus en plus.