« Je m’en fous de l’argent. » Cette rengaine de Dadis, aux premières heures du coup d’État, est aujourd’hui un vieux souvenir. Le chef du CNDD a installé sa famille dans une immense demeure, estimée à 5 milliards de francs guinéens (près de 690 000 euros), à Kaporo, un quartier résidentiel de Conakry. Ses proches ont vu leur train de vie monter en gamme. Son fils aîné est inscrit dans une université privée au Canada. Sa mère, son épouse, Jeanne Haba, et deux de leurs enfants passent le plus clair de leur temps au Maroc. Par obligation, ou pour profiter des charmes du royaume ?
Dadis commence visiblement à se rendre compte de l’utilité de l’argent dans l’exercice du pouvoir. Les fidélités obligées se monnaient surtout à l’approche d’un scrutin présidentiel. Celui qui confesse avoir reçu de l’argent du « Guide » libyen Mouammar Kadhafi dépense sans compter pour se maintenir au pouvoir. Pour se renflouer, un proche parent, Papa Koly Kourouma, officiellement ministre de l’Environnement, lui sert d’agent de liaison avec les hommes d’affaires et les sociétés privées. Comme Conté avant lui, Dadis a ses propres businessmen : Kerfalla Person Camara, alias KPC (à qui a été attribué un marché de plus de 500 milliards de francs guinéens – environ 69 millions d’euros – portant sur la rénovation des camps militaires), et Diouldé Diallo, qui a obtenu le juteux marché d’approvisionnement en riz de l’armée.