Comme pour fêter le premier anniversaire d’Orange Money, son service de m-banking, Orange Côte d’Ivoire a lancé un vaste plan de communication au cours du troisième trimestre 2009. Panneaux d’affichage par centaines, publireportages filmés avec John Jay – star locale du petit écran – en vedette, pleines pages dans la presse locale, caravane aux couleurs de l’opérateur sillonnant le pays… Orange a sorti le grand jeu. Un tapage médiatique qui tranche avec la relative discrétion avec laquelle a été lancé le service. « On a préféré prendre le temps de mettre au point une solution fiable à 100 % avant de communiquer massivement », explique Frédéric Bléhaut, responsable de la coordination du projet Orange Money en Afrique, premier service de ce type à avoir été lancé en Côte d’Ivoire. L’intention est louable. Mais, du coup, beaucoup d’Ivoiriens croient qu’Orange Money est apparu après Mobile Money, le service similaire du concurrent sud-africain MTN, qui n’a pourtant été opérationnel qu’en juin 2009. D’où la nécessité pour l’opérateur leader du mobile en Côte d’Ivoire, avec 4,4 millions de clients à la fin 2009, de s’offrir davantage de visibilité.
Plus de 150 000 utilisateurs
Une exposition qui repose sur un auto-satisfecit : « Nous avons dépassé à ce jour les 150 000 utilisateurs, qui représentaient notre objectif de départ », affirme Frédéric Bléhaut. Un bémol : ces chiffres diffèrent de ceux fournis par une source de la Bicici, filiale ivoirienne de la BNP et partenaire d’Orange, qui assure la bonne conformité d’Orange Money à la réglementation bancaire. Selon elle, les comptes créés via Orange Money avoisinent plutôt les 100 000 utilisateurs, au-delà tout de même de l’objectif initial de 80 000 comptes visés au bout d’un an d’exercice. Le montant moyen des transactions « est supérieur à 21 000 F CFA (31 euros), se réjouit Bernard Kouablan, responsable marketing d’Orange Côte d’Ivoire. Au total, 1,6 milliard de F CFA ont ainsi été échangés en 2009 ». La commission prélevée sur chaque transaction doit s’élèver – elle est actuellement offerte – à 250 F CFA jusqu’à 50 000 F CFA transférés, et à 500 F CFA au-delà. Des tractations sont à l’œuvre avec la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour relever le plafond des montants transférés à 400 000 F CFA au lieu de 100 000 F CFA actuellement.
Pour l’heure, les services offerts via Mobile Money se limitent au dépôt et au retrait d’argent, à la recharge de crédit téléphonique et au règlement des factures de téléphone fixe, de téléphone mobile et d’Internet fournis par Orange. À quand la possibilité de régler sa facture auprès de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) ou d’autres achats ? « Nous allons bientôt développer de nouveaux services, assure Frédéric Bléhaut. Nous recherchons les partenaires. » Autre exigence, formulée par nombre d’usagers et, sous couvert d’anonymat, par des acteurs du domaine : simplifier les procédures. « Si l’on excepte le prix, sans doute (un peu) plus compétitif, quelle est l’utilité fondamentale de ce service par rapport à Western Union ou aux mandats postaux ? », questionne un blogueur ivoirien.
Retard au Mali et au Sénégal
Quid aussi du Mali et du Sénégal ? L’antienne est la même qu’en 2009 : « Orange Money sera lancé dans les mois, sinon les semaines qui viennent », dit-on chez Orange, qui a aussi le Niger dans le viseur. Des accords ont pourtant déjà été noués, comme avec la Sonatel au Sénégal en 2009. L’opérateur a tout intérêt à presser le pas. « Il y a une forte prime au premier entrant », confiait en octobre 2009 Rambert Namy, qui a piloté trois ans durant le projet Orange Money. Marc Rennard, responsable Afrique d’Orange, a bien conscience de l’urgence d’étendre la voilure… « France Télécom est une grosse machine, où tout doit être visé à chaque échelon », précise un autre responsable, pour expliquer la lenteur du déploiement. Et encore faut-il au préalable asseoir un solide réseau de distributeurs. De son côté, MTN a déjà annoncé étendre Mobile Money dans la quinzaine de pays africains où il est implanté.