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RD Congo : une histoire belge
Dénoncer les méfaits de la colonisation dans une bande dessinée ? Maryse et Jean-François Charles l’ont fait. Avec Africa Dreams, l’ombre du roi, sorti le 3 mars chez Casterman, le couple d’auteurs belges nous emmène dans les forêts du Congo oriental du début du XXe siècle. On y suit Paul, un jeune séminariste naïf au regard clair. Cette âme charitable mais imprégnée des balivernes officielles découvre la teneur des « bienfaits » de la civilisation que Léopold II, alors propriétaire du Congo, apporte aux Noirs : chicotte, mains coupées, villages brûlés…
Tout part du musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, caverne d’Ali Baba située à 15 km de Bruxelles, où le roi « bâtisseur » avait fait exposer les trésors de son empire : éléphants empaillés, pirogues, masques et fétiches. « Nous avons tous fait un voyage scolaire à Tervuren, raconte Jean-François Charles. Pour nous, c’est la première rencontre avec l’Afrique. »
Chez lui et son épouse, il y a l’envie de démystifier la période coloniale : « Cela a déjà été fait, mais jamais en bande dessinée. Nous toucherons un plus large public. » Préfacé par la journaliste belge du Soir Colette Braeckman, spécialiste du Congo, l’album est le premier d’une série à venir. Il aurait pu sortir en 2009, l’année du centième anniversaire de la mort de Léopold II. Sa parution coïncide finalement avec le cinquantenaire de l’indépendance du Congo ; le symbole est moins fâcheux. Il y a même une touche d’ironie : Casterman est aussi l’éditeur de Tintin au Congo, dont le propos un brin paternaliste continue de faire couler beaucoup d’encre.