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Jeune Afrique : Qu’est-ce qui fait la singularité de la littérature congolaise ?
Boniface Mongo-Mboussa : Dès ses débuts, dans les années 1950, elle s’est définie par son opposition à la négritude. Cette opposition a été exprimée d’abord par Tchicaya U Tam’si, qui avait qualifié la négritude d’« abominable diversion ». Plus tard, cette position sera adoptée par l’ensemble de l’intelligentsia congolaise et elle deviendra la position officielle du Congo. Autre spécificité de la littérature congolaise : son homogénéité, grâce à laquelle elle se reconnaît très tôt comme une littérature nationale. Enfin, son foisonnement et sa profusion.
Comment expliquer ce foisonnement ?
Brazzaville était la capitale de l’Afrique-Équatoriale française. Le pays a été très tôt doté d’institutions culturelles, parmi lesquelles la revue Liaison. Pendant la colonisation, elle a servi de terrain d’exercice à des auteurs en herbe. Une autre explication : le fort taux de scolarisation qu’enregistre le pays, qui n’est sans doute pas étranger au phénomène d’inflation de la production littéraire.
Sylvain Bemba, Tchicaya, Tati Loutard, Sony Labou Tansi ont disparu. L’âge d’or est-il derrière nous ?
De nouveaux auteurs sont apparus sur le devant de la scène. Gabriel Okoundji et Léopold Congo-Mbemba investissent avec brio le champ de la poésie. Daniel Biyaoula et Wilfried N’Sondé pour les romanciers. Sans oublier Alain Mabanckou, la dernière étoile du firmament littéraire congolais. À ma connaissance, aucun écrivain congolais n’a eu la consécration que connaît l’auteur de Verre cassé !