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Le 42 de la rue Bab-Ménara a vu naître le combat de cette désormais centenaire, qui reste et restera un emblème. C’est dans cette rue de Tunis que, dès 1936, la première diplômée en médecine du monde arabe a fait de la santé de la femme une priorité.
Première bachelière tunisienne musulmane, avec le soutien de sa mère, elle part poursuivre ses études à la faculté de médecine de Paris en 1929 et en sort diplômée sept ans plus tard. Elle installe son cabinet de médecine généraliste à Tunis, les lois coloniales ne lui permettant pas d’exercer dans le public, y aborde les problématiques féminines et se spécialise en gynécologie. Militante féministe, elle participe, dès 1937, à l’action du Club de la jeune fille tunisienne et à l’Union des femmes musulmanes.
Au lendemain de l’indépendance, Tawhida Ben Cheikh intègre la santé publique, dirige les services gynécologiques et obstétriques de l’hôpital Charles-Nicolle et de l’hôpital Aziza-Othmana (qu’elle dirigera jusqu’à sa retraite, en 1977), et contribue à la création de l’école des sages-femmes de Tunis.
Elle fonde aussi le premier service hospitalier de planning familial et de limitation des naissances, ainsi que la première clinique spécialisée dans le contrôle des naissances. Tant et si bien que, à l’aube des années 1970, ses consœurs européennes la prenaient pour exemple. Un parcours sous le signe du soutien aux démunis, du combat pour l’accès aux soins des femmes et des nourrissons qu’elle a également mené en tant que vice-présidente du Croissant-Rouge tunisien.