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Les bureaux d’Abidine Yattara sont au bord du Niger, face au chantier du « troisième pont », qui doit bientôt désengorger Bamako. Ce n’est pas un hasard : la matière première de la Société d’exploitation de sable et de gravier (SESG) vient de là.
Créée en 2003, entrée en activité en 2007, la SESG fabrique des agrégats à partir du sable et du gravier extraits du fleuve. Le métier est technique et semble a priori réservé aux ingénieurs. Mais Abidine Yattara, 34 ans, a arrêté ses études après son baccalauréat. « Au Mali, c’est le cas de beaucoup de chefs d’entreprise, il faut surtout un carnet d’adresses pour réussir », dit-il. Dans son secteur, en effet, les relations comptent. La plupart des marchés étant publics, son principal client est l’État. C’est le cas pour les opérations de dragage du Niger, sur 3 kilomètres, que la SESG réalise actuellement à 400 km à l’est de Bamako. Le contrat s’élève à 2 milliards de F CFA (plus de 3 millions d’euros).
À la tête de l’unique entreprise de dragage du pays, Abidine Yattara se fait cependant du souci. La concurrence chinoise l’inquiète. Il n’a pas de mots assez durs pour les chefs d’État africains qui laissent carte blanche à l’empire du Milieu au détriment des entrepreneurs locaux. Comme pour la construction du troisième pont, dont il aperçoit le chantier, planté d’un drapeau rouge, par la fenêtre de son bureau.