Dans ce dossier
50 ans, 50 lecteurs, 50 regards sur J.A.
C’est un de mes souvenirs les plus forts. Février 1979, j’avais 18 ans, le Tchad était déjà en guerre civile. Lors des combats à l’occasion du renversement de Félix Malloum, qui annonçaient l’arrivée au pouvoir d’Hissène Habré, j’avais été blessé à la jambe par une balle perdue. Nous avions dû, mon père et moi, quitter N’Djamena pour nous réfugier au Cameroun, à Kousseri, de l’autre côté du fleuve Chari. Dans la rue, j’ai vu un numéro de Jeune Afrique en vente, avec ce gros titre en une : « Tchad, État néant. » Un choc terrible !
Ce jour-là, en lisant ce titre d’un hebdomadaire qui nommait si bien mon malheur, je me suis dit, définitivement, qu’il fallait que je fasse quelque chose. Et que pour cela, je devais partir ailleurs, à un endroit où je pourrais retrouver un peu de lumière, un refuge, et m’exprimer. J’avais en poche l’adresse d’une école de cinéma en France. Passionné par le septième art, je l’avais relevée à tout hasard, peu de temps auparavant, dans le journal Bingo. Ce sera ma destination, après un périple qui me fera passer notamment par la Libye, où j’ai exercé toutes sortes de métiers. C’est comme cela que je deviendrai finalement, beaucoup plus tard, cinéaste. Et c’est comme cela que je suis devenu lecteur de Jeune Afrique.