Dans ce dossier
50 ans, 50 lecteurs, 50 regards sur J.A.
J’ai commencé à lire Jeune Afrique au printemps 1987, après un premier séjour au Congo-Brazzaville, sous Sassou I. Il y avait un congrès des écrivains africains contre l’apartheid. Ce fut le premier et le dernier, car il n’y eut bientôt plus d’apartheid. Croisé, dans les jardins de Mbamou, François Soudan. J’étais justement en train de lire sa bio de Mandela. Il était là pour Jeune Afrique, moi pour L’Humanité. On trouvera le compte rendu de ce voyage politique dans La Vie quotidienne de Patrick Besson sous le règne de François Mitterrand (Fayard). Soudan avait encore les cheveux longs alors que j’avais déjà coupé les miens. J’en conclus qu’il avait échappé au service militaire, lui.
L’Afrique est une épopée, une tragédie, une farce, une comédie, un roman. Toutes choses qui se lisent. Elle est un feuilleton qui ne se termine jamais. Avec plus de cinquante personnages principaux : les États africains. Dans les pages culture de Jeune Afrique, j’ai découvert nombre de mes auteurs préférés : Monénembo, Labou Tansi, Lopes, Mukasonga, Mabanckou… C’est à ma connaissance le seul journal important sensible, avec Le Monde diplomatique, à la cause palestinienne.
J’aime le style direct, concret et clair de la plupart des articles, quel que soit le degré de complexité du sujet traité. Ma friandise ? Les interviews de Paul Kagamé par François. J’éclate de rire au moins deux ou trois fois, fasciné par l’insolence, la brutalité et l’ironie du chef de l’État rwandais. Mon idéal de vie : lire Jeune Afrique en dînant à La Gazelle (Paris XVIIe), servi par Amy.