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50 ans, 50 lecteurs, 50 regards sur J.A.

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Rokia Traoré et J.A. …

« Globe-trotteuse » de la musique – 35 ans, lit Jeune Afrique depuis l’enfance

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Mis à jour le 17 novembre 2010 à 15:22

Rokia Traoré. © D.R.

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Comme beaucoup d’autres de mon âge, j’ai découvert Jeune Afrique grâce à mes parents. Surtout grâce mon père, diplomate – il a été en poste en Belgique, en Arabie saoudite, aux États-Unis. J.A. était pour lui l’un des seuls moyens d’avoir des nouvelles du pays. J’ai commencé à lire le magazine parce que cela me permettait de passer de longues heures à discuter avec lui. Quand j’ai eu 18 ou 19 ans, mes raisons ont changé. Nous vivions à Bruxelles, et le continent me manquait. Sans compter que les gens que je fréquentais me posaient beaucoup de questions sur le Mali et l’Afrique. C’est fou comme, quand on vit loin de chez soi, on a envie de tout savoir !

Cela doit sembler paradoxal, mais j’ai appris à mieux connaître mon continent en vivant à l’étranger. La distance donne du recul et, parfois, lire le magazine me révolte. Par exemple quand je vois l’ostentation dans laquelle vivent certains de nos chefs d’État, alors que les populations subsistent avec le minimum ! Cela donne encore lieu à de longues heures de discussions avec mon père. À part qu’au fil du temps les rôles se sont inversés : lui avait foi en l’Afrique et en ses capacités tandis que moi, je doutais. Aujourd’hui c’est l’inverse : il est comme déçu, désabusé, alors que moi je garde espoir.

C’est pour ça que j’ai créé ma fondation, Passerelle, afin d’aider les jeunes Maliens et tous les jeunes Africains qui travaillent dans la culture. Les aider à se faire une petite place au soleil, à vivre de leur savoir-faire et leur permettre de s’ouvrir l’esprit par le voyage, mais aussi de rentrer chez eux pour construire l’avenir.