Si tu veux la paix, prépare la guerre

Les derniers incidents avec le Sud sont les plus graves depuis 1953. Et s’il ne s’agissait que d’une technique de communication un peu spéciale ?

Publié le 28 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Regain de tension dans la péninsule et consternation internationale, le 23 novembre, après le pilonnage de l’île de Yeonpyeong par l’artillerie nord-coréenne. Bilan au Sud : quatre morts (dont deux civils), treize blessés, des dizaines de maisons et bâtiments militaires réduits en cendres. Plus un communiqué sans ambiguïté diffusé, à Pyongyang, par la KCNA, l’agence de presse officielle : l’armée nord-coréenne « continuera sans hésitation ses attaques militaires si l’ennemi fantoche ose envahir notre territoire ne serait-ce que d’un millième de millimètre. En mer Jaune, il ne peut exister que la frontière maritime tracée par nos soins ».

L’île de Yeonpyeong se trouve très légèrement au sud de la Northern Limit Line (NLL), prolongement de la zone coréenne démilitarisée (DMZ, la frontière terrestre) en mer Jaune, mais très légèrement au nord de la ligne de partage revendiquée par Pyongyang. Depuis sa création, en 1953, par les Nations unies, la zone, qui comprend plusieurs archipels, est régulièrement le théâtre de violents incidents. Le dernier remonte au mois de mars dernier, avec le naufrage de la corvette Cheonan, attribué par Séoul à une torpille nord-coréenne (46 victimes).

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Chaud et froid

Ce bombardement qui, pour la première fois, visait une base terrestre et non des navires, constitue l’affrontement le plus grave depuis la fin de la guerre de Corée, en 1953. Il intervient au lendemain d’un geste d’apaisement (la reprise des rencontres entre membres de familles séparées, à l’initiative de la Croix-Rouge), mais aussi après que Pyongyang a dévoilé à un savant américain, Siegfried Hecker, son programme, plus avancé qu’on ne le croyait, d’enrichissement de l’uranium.

Kim Jong-il souhaite en effet donner une crédibilité militaire à Kim Jong-un, son fils et successeur, mais aussi s’assurer par ce coup d’éclat le soutien de l’armée, dont les factions les plus dures ont probablement vu d’un mauvais œil le retour au pouvoir du général Chang Song-taek, le chaperon de Kim Jr. C’est aussi, à l’approche de l’hiver, l’application d’une technique de communication par le chantage désormais bien rodée, qui consiste à alterner phases de provocation et périodes d’apaisement. Paradoxalement, en prenant belliqueusement les devants, Pyongyang veut contraindre la communauté internationale à relancer les négociations à six (réunissant la Chine, la Russie, les États-Unis, le Japon et les deux Corées), à Pékin. Et obtenir, par la même occasion, la reprise de l’aide alimentaire. Si vis pacem para bellum.

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