Et si Jean-Claude Duvalier n’était rentré en Haïti que pour récupérer ses millions bloqués en Suisse ? L’hypothèse a été lancée par le New York Times. Depuis, elle a été confortée par une déclaration de Me Ed Marger, l’un des avocats de l’ancien dictateur : « Ce qu’il [Duvalier] aimerait faire avec les fonds suisses, c’est contribuer à la reconstruction du pays. C’est l’une des raisons de son retour. »
Tel est le raisonnement : Duvalier, que certains disent ruiné, se devait d’agir avant l’entrée en vigueur de la loi suisse qui porte son nom. Pour pouvoir toucher les fonds, sa seule chance était de se rendre en Haïti et d’en repartir libre, afin de prouver aux autorités helvétiques qu’il ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
La thèse est séduisante, mais la réalité est peut-être moins simple. Et pas seulement parce que Duvalier a finalement été inculpé, à Port-au-Prince. Le simple fait que Duvalier se rende en Haïti et en reparte libre ne suffit pas pour que les fonds soient débloqués. Et il n’y a nul besoin qu’une procédure soit ouverte en Haïti pour justifier un blocage. À Berne, le gouvernement rappelle qu’en toute occurrence « plusieurs voies de droit existent encore pour Jean-Claude Duvalier ».