Bis repetita… Trois jours seulement après la réouverture des établissements scolaires, le gouvernement du Burkina Faso a de nouveau suspendu les cours, le 8 mars. Depuis la fin du mois de février, à Koudougou, Koupéla, Pouytenga ou Poa, des manifestants – des élèves pour la plupart – saccagent et brûlent bureaux de l’administration et commissariats de police. La contestation menace de s’étendre à tout le pays et inquiète les autorités.
Les causes de la colère ? La mort, le 20 février, à Koudougou, de Justin Zongo, élève en classe de troisième. Officiellement, il a succombé à une méningite, mais, pour ses amis du collège Gesta-Kaboré, il a été battu et torturé par les forces de police, suite à une sombre affaire de plainte déposée par une camarade de classe. Peu après l’annonce de son décès, les collégiens ont organisé une marche pour réclamer l’ouverture d’une enquête, les policiers ont tiré sur les manifestants, tuant plusieurs d’entre eux… Depuis, c’est l’escalade.
"Poudre aux yeux"
« Les élèves dénoncent la lenteur de la procédure, ils veulent que justice soit faite. Mais ce n’est pas dans le désordre que l’on peut rendre justice, explique Baba Hama, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Des mesures ont été prises pour ramener le calme. » Première de ces mesures : le limogeage du gouverneur et du directeur de la police du Centre-Ouest. Mais pour l’Association nationale des étudiants burkinabè (Aneb), c’est « de la poudre aux yeux ».
« Aujourd’hui, ce que nous voulons dénoncer, c’est le climat de terreur que fait régner la police », s’insurge Mahamadou Fayama, de la section Aneb-Ouagadougou. L’association veut organiser des marches pacifiques dans tout le pays. Les enseignants, eux, ont déposé un préavis de grève pour dénoncer leurs conditions de travail.