Corée – France : les manuscrits de la discorde

Les archives du royaume de Choson en Corée avaient été volées par des militaires français, en 1866. Au terme d’un long conflit diplomatico-juridique, une partie d’entre elles vient d’être restituée.

Le Palais de Gyeongbokgung à Séoul, du début du royaume de Choson. © AFP

Le Palais de Gyeongbokgung à Séoul, du début du royaume de Choson. © AFP

Publié le 13 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Le 14 avril, la France a restitué à la Corée du Sud un premier lot d’archives royales conservées à la Bibliothèque nationale (BNF) depuis leur saisie, à la fin du XIXe siècle, par des militaires français.

L’affaire remonte à 1866. En représailles au martyre de neuf missionnaires, Henri de Bellonet, ministre de France à Pékin, lance, sous la direction de l’amiral Roze, une expédition maritime contre l’île de Kanghwa, à l’ouest de Séoul. « Dans quelques jours, écrit-il à Napoléon III, nos forces marcheront à la conquête de la Corée, et l’empereur, mon auguste souverain, a seul aujourd’hui le droit et le pouvoir de disposer suivant son bon plaisir du pays et du trône vacant. »

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Cuisante défaite

La fanfaronnade allait se révéler désastreuse. Sous-estimant gravement leurs adversaires, les soldats français (qui prirent le temps de se demander s’il valait mieux pique-niquer « avant ou après l’attaque ») subirent une cuisante défaite, souvent raillée dans les manuels d’histoire coréens. C’est pendant leur retraite précipitée qu’eurent lieu le pillage de la bibliothèque royale de Kanghwa et la « saisie » de 297 volumes d’annales historiques du royaume de Choson (1392-1910).

La redécouverte fortuite de ces archives, en 1975, parmi les documents « chinois » de la BNF, par l’historienne Park Byeng-sen, marqua le début d’un long conflit diplomatico-juridique entre les deux pays. Celui-ci atteint son apogée en 1993 avec la décision personnelle de François Mitterrand de rendre un premier volume à la Corée, qu’il accompagne d’une proposition, officieuse bien sûr : la restitution de l’ensemble des manuscrits en échange de l’octroi de la construction du TGV à l’entreprise française Alstom.

De quoi attiser la colère des conservateurs de la BNF, ainsi tenus à l’écart, et relancer un vieux débat : les musées doivent-ils rendre aux pays spoliés les trésors culturels qui leur ont été dérobés ?

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L’accord signé à Séoul, en novembre 2010, par Nicolas Sarkozy et le président sud-coréen Lee Myung-bak dans les coulisses du G20 met certes fin au contentieux diplomatique. Mais il ne satisfait ni les conservateurs de la BNF ni les Coréens, déçus par la demi-mesure adoptée. Afin de ne pas créer de précédent, les manuscrits n’ont en effet pas été restitués à la Corée, mais simplement « prêtés pour une période de cinq ans renouvelable »…

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