Dans la foulée du lancement de nouvelles compagnies aériennes, les loueurs et affréteurs d’avions, en quête de relais de croissance, ont mis le cap sur l’Afrique subsaharienne. Dernière implantation en date, celle du groupe français Avico à Dakar, au Sénégal, en mars. Avant lui, General Electric Capital Aviation Services (Gecas), filiale du groupe américain General Electric, avait annoncé dès novembre 2010 l’ouverture de bureaux en Afrique du Sud et au Ghana. Des décisions justifiées par les belles perspectives du secteur sur le continent. Selon les chiffres de l’Association internationale du transport aérien (Iata), la croissance y a été de 13 % en 2010, contre 5 % en Europe. Les courtiers et sociétés spécialisées fournissaient déjà leurs services aux transporteurs africains, mais, jusque-là, ils opéraient depuis leurs bases situées hors du continent.
Ainsi, Avico, créé par le Franco-Tunisien Mourad Majoul, a déjà travaillé avec Air Mali, Air Burkina, Sénégal Airlines et son prédécesseur Air Sénégal International. Aujourd’hui, c’est à partir de Dakar que le groupe, spécialisé dans l’affrètement d’appareils et le conseil aux compagnies aériennes, veut développer ses activités sur le continent. Pourquoi cette implantation ? « Afin de se rapprocher des marchés et d’être plus réactif à la demande », explique Gilles Gompertz, le directeur général du groupe dont le chiffre d’affaires avoisine 100 millions d’euros par an. L’antenne dakaroise sera dirigée par Ibra Wane, ex-directeur commercial d’Air Sénégal International.
10 000 euros l’heure
Exemple de service proposé par le courtier aérien : la location d’un avion à un transporteur dont un des appareils opérant une liaison régulière est tombé en panne. Il s’agit donc de services ponctuels, facturés – selon la capacité de l’aéronef – entre 5 000 et 10 000 euros l’heure de vol. Le groupe dispose pour ce faire d’une flotte de deux ATR 49, de deux Airbus A320 et de deux Boeing 747. Mais il peut aussi jouer les intermédiaires, mobilisant un avion inutilisé par une compagnie au profit d’une autre.
Quatorze pays
Gecas intervient sur le plus long terme. Ses domaines d’activité : le financement et la location de flottes en « dry lease » – le locataire prenant à sa charge tous les frais d’exploitation, fournissant l’équipage et inscrivant l’avion sur son certificat de transporteur aérien. Le bureau d’Accra, en cours d’installation, a vocation à couvrir l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Il est dirigé par Isabelle Lessedjina, une Belgo-Congolaise, ancienne de Standard Chartered Bank. L’antenne sud-africaine du Cap aura en charge toute l’Afrique australe, tandis que le nord du continent restera rattaché au bureau Proche-Orient et Moyen-Orient du groupe, basé à Dubaï.
Déjà très présent en Afrique, l’américain Gecas estimait en novembre dernier à plus de 2,5 milliards de dollars (plus de 1,8 milliard d’euros, au cours de l’époque) la valeur des appareils qu’il louait à des compagnies aériennes dans quatorze pays d’Afrique. Sénégal Airlines, qui a démarré ses activités en janvier, a ainsi eu recours aux services du groupe américain pour la location d’un Airbus A320. Tout comme la compagnie libyenne Buraq Airlines pour un Boeing 737-400 et, surtout, la première compagnie africaine en termes de chiffre d’affaires, South African Airways.