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Bob Marley, 30 ans déjà…

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Culture

Shashemene, le carrefour des rastas

Dans « Exodus ! L’histoire du retour des rastafariens en Éthiopie », l’historienne Giulia Bonacci raconte le retour des rastafariens venus du monde entier dans cette ville d’Éthiopie, « leur maison ».

Mis à jour le 11 mai 2011 à 13:02

Extrait de la jaquette du livre « Exodus ! L’histoire du retour des rastafariens en Éthiopie ». © D.R.

Quiconque visite l’Éthiopie est obligé, s’il est curieux, de se rendre à Shashemene, à quelque 250 km au sud de la capitale, Addis-Abeba. C’est là que se sont installées, depuis 1950, des vagues successives de rastafariens adeptes, jusqu’au bout, du retour en Afrique, cheval de bataille des pères fondateurs africains-américains et caribéens du panafricanisme. Les premiers à répondre à l’appel furent les Jamaïcains.

Aujourd’hui, la provenance géographique a beaucoup évolué. Aux Jamaïcains se sont ajoutés d’autres groupes venus de toute la Caraïbe (Trinité-et-Tobago, Saint-Kitts, Barbade, Montserrat, Dominique, Bermudes, Martinique, Guadeloupe…), mais également des États-Unis, de Grande-Bretagne, du Canada, du Congo, de Côte d’Ivoire… C’est l’histoire de ce retour des rastafariens en Éthiopie que Giulia Bonacci, historienne, spécialiste de l’Afrique et des diasporas africaines, chargée de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), raconte dans ce livre. Elle remonte aux sources de ce besoin de retour, aborde les différentes manifestations du nationalisme noir et du panafricanisme à travers leurs principaux animateurs, ainsi que les relations entre Haïlé Sélassié et les Jamaïcains. Elle montre aussi les différentes étapes de l’évolution de Shashemene depuis les années 1950.

Dans cet ouvrage passionnant, on apprend que ceux qui sont revenus sur le sol éthiopien, donc africain, considèrent leur geste comme un simple « rapatriement », un juste retour à la maison après une absence involontaire. L’auteure a accompli un travail de documentation et de collecte d’informations remarquable, mené en Europe, aux États-Unis, en Jamaïque, en Afrique… Au bout du compte, il y a là une grande maîtrise du sujet et l’envie de partager une expérience magnifique.