Arrestation de Mladic : « Dieu » face au jugement dernier

Il était l’un des tout derniers grands criminels de guerre recherchés par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Ratko Mladic a été arrêté le 26 mai, après seize ans de cavale.

Ratko Mladic (au centre), devra répondre d’accusations de génocide et de crimes contre l’humanité © Emil Vas/AP/ SIPA

Ratko Mladic (au centre), devra répondre d’accusations de génocide et de crimes contre l’humanité © Emil Vas/AP/ SIPA

Publié le 6 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Il se faisait appeler Dieu par ses hommes. Ratko Mladic, 69 ans, ancien chef militaire des forces serbes durant la guerre de Bosnie-Herzégovine, a été arrêté le 26 mai en Serbie. Il était en cavale depuis près de seize ans. La nouvelle a été annoncée à Belgrade par Boris Tadic, le président serbe, et confirmée par Catherine Ashton, la haute représentante de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères, qui a demandé son transfert rapide vers le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), à La Haye.

Longtemps protégé

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Mladic devra répondre d’accusations de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour les tueries du siège de Sarajevo (environ 11 700 morts en quarante-quatre mois) et son rôle dans le massacre planifié, en juillet 1995, de 8 000 civils musulmans à Srebrenica. Artisan du « nettoyage ethnique » de la Bosnie avec Radovan Karadzic (arrêté en 2008) et l’ex-président serbe Slobodan Milosevic (décédé en 2006), Ratko Mladic était, avec Goran Hadzic, l’ancien président (toujours en cavale) de la République serbe autoproclamée de Krajina, l’un des deux derniers grands criminels de guerre recherchés dans les Balkans. La liste comprenait à l’origine 161 noms.

Protégé jusqu’à la chute du président Milosevic, en octobre 2000, le « boucher des Balkans », toujours considéré comme un héros par de nombreux Serbes, était alors entré dans la clandestinité. En dépit des dénégations de Belgrade, qui a longtemps prétendu ignorer où il se trouvait, il a bénéficié, au moins jusqu’en 2002, de la protection de l’armée. En 2005, il touchait encore une pension.

En l’arrêtant, la Serbie, qui a officiellement postulé pour entrer dans l’UE, s’assure de voir enfin son dossier examiné, et peut-être aussi de lever les réticences des Pays-Bas, qui avaient clairement fait de son arrestation une condition sine qua non à l’examen de sa candidature. Maintenant que plus personne ne doute que la Serbie « coopère pleinement avec le tribunal de La Haye », il lui reste cependant, afin de prétendre à obtenir le statut de candidat au bloc des 27 en décembre prochain, à démontrer sa volonté d’œuvrer à la réconciliation régionale souhaitée par Bruxelles en reconnaissant l’indépendance du Kosovo.

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