Birmanie : régime allégé ?

Le 19 août, le nouveau président, Thein Sein, a rencontré l’opposante Aung San Suu Kyi. Un premier petit pas du pays, encore largement contrôlé par les militaires, vers la démocratie.

La Prix Nobel de la paix et le chef de l’État avant leur entretien. © AP/SIPA

La Prix Nobel de la paix et le chef de l’État avant leur entretien. © AP/SIPA

Publié le 2 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Depuis que la junte du généralissime Than Shwe, 78 ans, s’est autodissoute, en novembre, et a passé la main, fin mars, à un président « civil » chargé d’instaurer une « démocratie disciplinée », rien ne semblait avoir vraiment changé au sein du régime birman. Aussi, l’entretien d’une heure accordé le 19 août par le nouveau numéro un, Thein Sein, à l’opposante et Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, libérée en novembre après sept ans de résidence surveillée, se veut être un signe d’ouverture du régime pour améliorer ses relations avec ses détracteurs. Notamment pour calmer les réticences de ses voisins face à l’ambition de Naypyidaw de briguer la présidence de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) en 2014.

Un pas symbolique salué avec modération par la communauté internationale, peu convaincue par la sincérité de ce nouveau régime dirigé par un ancien homme fort de la junte, Premier ministre sortant et ex-général. Un homme discret et intègre, souffrant de problèmes cardiaques, que l’on disait peu enclin à endosser de grandes responsabilités.

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Habits neufs

Acquis corps et âme à son protecteur et mentor Than Shwe, dont il fut le plus fidèle bras droit, Thein Sein, 66 ans, a accepté de renoncer à sa carrière militaire pour prendre la tête du nouveau Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USPD) et du pays.

« Homme paravent », murmure-t-on dans les rangs de l’opposition, toutefois réputé bon gestionnaire et soucieux de faire profiter son pays de la croissance asiatique, le nouveau président doit donc composer avec le très médiatisé mouvement démocratique d’Aung San Suu Kyi.

Conflits ethniques

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Il doit aussi faire face au grave problème interne des minorités ethniques (Karens, Shans et Kachins). La montée en puissance du pouvoir politique et du mécontentement grandissant de ces dernières face à la Chine qui, pour des raisons économiques et géostratégiques, n’a cessé de renforcer son soutien au régime, pourraient aujourd’hui trouver un écho plus large grâce à Aung San Suu Kyi. Laquelle, désormais libre de ses mouvements, a d’ailleurs appelé à l’unité du pays et à la création d’une fédération, le 21 août, lors de sa première tournée hors de la capitale.

Les violents affrontements armés avec les insurgés kachins, qui ont embrasé le nord du pays en juin, risquent de s’étendre aux autres zones frontalières, prêtes à rompre des cessez-le-feu vieux de près de vingt ans. Et mettre ainsi à rude épreuve les habits neufs du gouvernement de l’ex-général Thein Sein.

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