En matière de traque des avoirs illicites, Enrico Monfrini est l’un des meilleurs. C’est à la demande du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Nabli, également à la tête du comité national pour le recouvrement des avoirs illégaux du clan Ben Ali à l’étranger, que l’avocat suisse a été mandaté, le 26 septembre, pour récupérer le magot du dictateur déchu et de ses proches. Un pactole – non estimé à ce jour – constitué de placements dans des banques, dans des entreprises ou dans l’immobilier, principalement en France, en Suisse, au Moyen-Orient et au Canada.
« Si j’obtiens une assistance politique et judiciaire réelle de la part des pays occidentaux, la restitution d’avoirs pourrait intervenir assez vite », estime Monfrini. Soit avant la fin de l’année. « J’ai une liste d’environ deux cents personnes. Certaines d’entre elles n’ont pas intérêt à voir leur nom publié dans les journaux, elles préféreront rendre l’argent, comme je l’ai déjà vu au Nigeria », explique l’avocat, qui doit se rendre à Tunis courant novembre.
À 67 ans, Enrico Monfrini n’en est en effet pas à son coup d’essai. Ce fils de diplomate, qui a vécu au Gabon et en Côte d’Ivoire durant son enfance, a épinglé à son tableau de chasse l’ex-dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier et participé à la traque des avoirs de Mobutu en Suisse. Défenseur d’opposants au régime d’Abacha, il a été sollicité en 1999 par les autorités du Nigeria, qui ont récupéré grâce à lui 1,3 milliard d’euros.