Costume marron et cravate à rayures, Lambert Mende Omalanga (56 ans), le nouveau ministre de la Communication de la RD Congo, nous rend visite en ce froid après-midi d’hiver. Cet homme-là sait manier le verbe. Normal : dans les années 1980, il animait sur les antennes de La Voix du Zaïre une émission consacrée aux activités de la Jeunesse du Mouvement populaire de la révolution (JMPR), l’ancien parti unique. Après des années d’exil et de militantisme en Europe, il se fait remarquer lors de la Conférence nationale souveraine (1990-1992), puis rejoint la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). « Membre très discipliné de la majorité », l’ancien ministre des Hydrocarbures d’Antoine Gizenga ne vit pas sa nomination à la Communication dans le gouvernement d’Adolphe Muzito comme une sanction. « Nous avons été mis à genoux dans la guerre psychologique qu’on nous a imposée, explique-t-il. Le gouvernement dit sa part de vérité sans être entendu. Nous avons un sérieux effort à faire pour y remédier. » Porte-parole du gouvernement, Mende Omalanga entend « parler vrai, sans langue de bois ». Pourtant, lorsqu’il a pris ses nouvelles fonctions, certains de ses collègues l’ont accusé de dire tout et son contraire face aux micros et aux caméras. De donner une impression de cacophonie, notamment sur le dialogue direct avec Laurent Nkunda. Il s’en défend et soutient que le gouvernement n’a jamais eu qu’une position : dialoguer avec tous les groupes armés, dans le cadre du processus Amani. Le nouveau ministre a du pain sur la planche. Il lui faut d’abord redorer l’image de la télévision nationale, perçue par nombre de Congolais comme « la voix de son maître ». « La télévision nationale, rétorque-t-il, est au service de la majorité comme de l’opposition. Si cette dernière se sent lésée, je lui tends la main pour discuter. » Ensuite, professionnaliser les médias congolais, dont la déontologie laisse à désirer, et qui, selon lui, ne parviendront à se faire respecter que le jour où ils deviendront de vraies entreprises. Ancien membre du Mouvement national congolais (MNC), le parti de Patrice Lumumba, Mende Omalanga dirige aujourd’hui la Convention des Congolais unis (CCU), mais reste « lumumbiste jusqu’à la mort ». Père de six enfants, ce natif de Lodja, dans le Sankuru (Kasaï oriental), est, dit-il, un homme casanier. Quand il n’est pas dans sa ferme, à 100 km de Kinshasa, il s’adonne à l’écriture. Dernier livre publié : L’Œil du cyclone. Congo-Kinshasa : les années rebelles 1997-2003 revisitées (L’Harmattan).
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