Le nuage de fumée soulevé par le coup d’Etat du 18 février est retombé, mais les choses ne sont pas encore très claires à Niamey. Seule certitude: le président Mamadou Tandja a été renversé et il est aux mains des militaires dans un lieu pour l’heure tenu secret, vraisemblablement une caserne des environs de la capitale nigérienne. Et la vie reprend progressivement son cours. Les écoles et les commerces ont rouvert depuis ce matin.
"La situation est sous contrôle", a déclaré le colonel Goukoye Abdoulkarim, porte-parole du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, putschistes), lors de sa première déclaration à la presse. "Il n’y a aucune dissidence ni à Niamey, ni à l’intérieur du pays", a t-il tenu à préciser.
En ce qui concerne le président déchu, le porte-parole des militaires putschistes a déclaré qu’il était "dans de très bonnes conditions". "M. Mamadou Tandja est retenu dans un bureau (…) il se porte très bien. Il a pu voir son médecin, son état de santé est bon et normal", a déclaré un officier dans la caserne où la junte a établi son quartier général, au sud-ouest de Niamey.
Quant aux ministres qui avaient été arrêtés avec le chef de l’Etat, il a affirmé "qu’une partie [d’entre eux] sera relâchée incessamment". "Nous leur avons donné des orientations par rapport aux actions urgentes pour assurer le fonctionnement de l’Etat", a-t-il expliqué ajoutant que le Conseil lèverait le couvre-feu à 16h locale et rouvrirait les frontières terrestres et aériennes du Niger qui avaient été fermées la veille.
Décision collégiale
Abdoulkarim a enfin annoncé la création imminente d’un "conseil consultatif" pour travailler à l’avenir du pays. Sans plus de précision. Interrogé sur les difficultés alimentaires et financières du Niger, le président du CSRD, Salou Djibo, a été à peine plus loquace.
"Pour le moment nous sommes à un stade de démarrage, nous allons créer un conseil consultatif qui va travailler de façon collégiale, je ne décide pas tout seul, on décidera en groupe. C’est prématuré de répondre à ces questions", a-t-il déclaré dans la caserne qui sert de QG aux putschistes, au sud-ouest de Niamey.
Après dix ans passés à la tête du pays, Mamadou Tandja avait dissous l’année dernière le Parlement et la Cour constitutionnelle, avant d’organiser un référendum très controversé lui permettant de rester au pouvoir au moins pendant trois ans à l’issue de son ultime mandat, qui devait s’achever en décembre 2009.
L’opposition, qui avait boycotté cette consultation ainsi que des législatives en octobre, avait dénoncé un coup d’Etat et la communauté internationale avait fustigé les agissements du président. L’armée quant à elle, s’était largement abstenue dans les urnes lors de ces deux consultations. (avec AFP)