
Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. © DR/Espen Moe
Le site internet WikiLeaks a publié dimanche 250 000 télégrammes diplomatiques américains dont plusieurs grand titres de la presse mondiale rendent compte. Ils dévoilent certains usages secrets et embarrassants du secrétariat d’État américain.
WikiLeaks a encore frappé, et sans doute encore plus fort que les fois précédentes.
La réaction irritée de la Maison Blanche, qui a jugé la publication de 250 000 télégrammes diplomatiques américains « irresponsable et dangereuse », témoigne de l’embarras qu’ils suscitent.
Le site internet avait donné accès à ce quart de million de documents, émanant des ambassades américaines de par le monde, à cinq titres de la presse mondiale : The New York Times, Le Monde, The Guardian, El Pais et Der Spiegel.
Diplomates-espions
Ces documents « offrent un panorama inédit des négociations d’arrière-salle telles que les pratiquent les ambassades à travers le monde », commente le quotidien américain. Et celles-ci ne sont pas toujours des plus reluisantes.
La révélation la plus gênante pour Washington est sans doute l’instruction donnée aux diplomates américains à l’ONU de recueillir « toute information biographique et biométrique », y compris les « empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l’iris » ou encore les numéros de cartes de crédit, mots de passe internet et autres détails privés des dirigeants de l’organisation.
Pression sur l’Iran
Mais les documents dévoilent aussi et surtout les comportements d’alliés proches de Washington. The Guardian indique ainsi que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite a demandé aux États-Unis d’attaquer l’Iran et « couper la tête du serpent », afin de mettre fin à son programme nucléaire.
Toujours à propos de l’Iran, un autre câble diplomatique rapporte une conversation entre la sous-secrétaire d’État américaine Ellen Tauscher et un responsable israélien, Amos Gilad. Celui-ci estime que la démarche d’engagement stratégique de Barack Obama à l’égard de l’Iran est « une bonne idée, mais il est bien clair que cela ne marchera pas ».
Jugements peu amènes des chefs étrangers
Plus anecdotique, mais pouvant avoir des conséquences fâcheuses avec les pays concernés, les jugements des diplomates américains sur certains leaders du globe sont aussi dévoilées. De la chancelière allemande Angela Merkel, l’un d’eux estime par exemple qu’elle « craint le risque et fait rarement preuve d’imagination ».
Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan se serait quant à lui « entouré d’un cercle de conseillers qui le flattent mais le méprisent », à en croire les documents. Il s’informe presque exclusivement par les journaux islamistes et craint de perdre le pouvoir, cite encore Der Spiegel à son propos.
Les autorités américaines avaient prévenu une dizaine de pays de l’imminence de ces révélations au cours de la semaine. Tenant compte de la principale critique de Washington à l’égard de WikiLeaks, le New York Times a indiqué n’avoir pas publié les documents susceptibles de « mettre en danger » des individus ou de « compromettre la sécurité nationale ».
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