
Gamal Moubarak, le fils du président égyptien, à Beyrouth le 8 août 2006. © AFP
Selon les télégrammes diplomatiques rendus publics par WikiLeaks, les autorités militaires égyptiennes ne verraient pas d’un très bon œil une éventuelle succession de Gamal Moubarak à son père en 2011. Et pourraient même s’y opposer.
Les nouvelles révélations du site WikiLeaks risquent de renforcer la confusion qui règne en Égypte autour de la succession du président Hosni Moubarak. Alors que le fils de celui-ci, Gamal, refuse de se montrer officiellement intéressé par l’idée de lui succéder à la tête de l’État, tout porte à croire le contraire. Et s’il ne se déclare toujours pas, c’est sans doute pour éviter tout remous inutile, assurent la plupart des observateurs.
Une précaution apparemment pas superflue, puisque selon des échanges classés « secrets » et datés de mai 2007 entre l’ambassadeur américain au Caire, Francis Ricciardone, et sa hiérarchie, la manœuvre serait loin d’être du goût de tous les Égyptiens. À commencer par « l’appareil militaire [qui] pourrait être un obstacle crucial » à ce schéma politique, avance l’ambassadeur. L’hypothèse du scénario dynastique demeure cependant crédible, Gamal étant régulièrement cité comme dauphin potentiel de son père en cas d’incapacité de ce dernier – Hosni Moubarak est âgé de 82 ans – ou pour les prochaines élections de 2011.
« L’armée, garante ultime du pouvoir présidentiel »
Selon le diplomate, l’armée égyptienne pourrait s’opposer à cette succession, car Gamal Moubarak n’est pas issu de ses rangs. « Les quatre présidents égyptiens qui se sont succédé depuis 1952 sont issus du corps des officiers, et l’armée est historiquement la garante ultime du pouvoir présidentiel », rappelle-t-il.
À 47 ans, Gamal est, en revanche, un pur produit des milieux d’affaires de par sa formation de banquier. Il ne possède pas le grade d’officier et, pis, n’aurait même pas achevé son service militaire, laisse entendre le mémo diplomatique publié par le site WikiLeaks.
Contrôle de l’État
L’ambassadeur note aussi le tabou qui entoure la préparation de « l’après-Moubarak ». « En raison de la paranoïa de la dictature égyptienne, aucun autre nom ne peut être ébruité sans risque, ou sans manque de respect » à l’encontre du président actuel qualifié de « pharaon », poursuit le document, qui explique que « Gamal veut le siège de président même s’il s’évertue à répéter le contraire ».
Par ailleurs, Francis Ricciardone affirme que la population elle-même est relativement réfractaire à l’idée la succession héréditaire qui semble se profiler. « La machine du PND [le Parti national démocrate, au pouvoir, dont Gamal Moubarak est l’un des principaux dirigeants, NDLR] peut très bien préparer une victoire électorale en jouant sur une faible participation, sur des listes électorales approximatives et sur le contrôle de la machine électorale par l’État », écrit-il.
Mais le jeu des hypothèses risque de durer encore un peu. Dans un télégramme plus récent, daté de mai 2009, l’ambassade américaine évoque toutefois la possibilité qu’Hosni Moubarak… se succède à lui-même.
(avec AFP)Lire les autres articles du dossier
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