
Les présidents gabonais Ali Bongo et français Nicolas Sarkozy à Montreux en 2010. © AFP
Par la voix de son avocat, le président gabonais Ali Bongo, fils de feu Omar Bongo Ondimba, a formellement rejeté les soupçons de malversations à la BEAC qui pèsent sur son père depuis la révélation par WikiLeaks d’un mémo d’une chancellerie des États-Unis au Cameroun.
Me Patrick Maisonneuve, avocat du président gabonais Ali Bongo Ondimba, a balayé les soupçons de détournement de fonds relayés par WikiLeaks, lesquels pèsent sur feu Omar Bongo Ondimba, père de son client, en les jugeant simplement « sans fondement ».
Le site de Julian Assange a mis en ligne un mémo diplomatique émanant de la chancellerie américaine à Yaoundé, au Cameroun, où il est question d’une vaste fraude à la BEAC. Celle-ci, affirme la source des diplomates, aurait été orchestrée par Omar Bongo Ondimba lorsqu’il était encore en exercice et nommait le gouverneur de la banque.
Toujours selon la même source, un haut fonctionnaire de la BEAC s’exprimant au lendemain du décès de Bongo père, ce sont près de 30 millions d’euros qui auraient profité au clan Bongo pour « enrichissement personnel », mais aussi à certains partis politiques français pour financer des campagnes électorales.
Paradoxe d’avocat
L’avocat n’a pas réfuté qu’il y avait bien eu détournement de fonds à la BEAC – l’affaire est officielle et fait partie des différents scandales qui agitent cette administration – mais, selon lui, la famille Bongo Ondimba n’en aurait pas profité.
« Un audit a révélé des détournements au préjudice de la BEAC, notamment au niveau de son bureau parisien, ce qui fait que le 19 novembre 2009, à la demande d’Ali Bongo, une plainte a été déposée auprès du procureur de la République de Paris », a déclaré Me Patrick Maisonneuve.
« C’est donc assez paradoxal avec le fait que l’on puisse dire que son père ou lui auraient bénéficié de fonds détournés », a ajouté l’avocat. Les accusations portées « sont sans fondement, d’autant moins (…) qu’une plainte a été déposée », a-t-il insisté.
Mémoire souillée
En 2008 et 2009, la BEAC a constaté des irrégularités dans ses comptes et a déposé plainte à Paris pour « vol, escroqueries, faux et usage de faux », notamment au sein de son antenne parisienne. Le parquet de Paris avait indiqué en février dernier avoir achevé son enquête et dénoncé des faits litigieux à la justice gabonaise.
Par ailleurs, les deux principaux partis politiques français, l’UMP et le PS, ont démenti avoir reçu des pots de vins ou des financements occultes de la part du Gabon.
À Libreville, le secrétaire général de l’ancien parti d’Omar Bongo Ondimba a regretté que l’on « souille sa mémoire » par ces révélations.
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