Changement de ton à la chaîne de télévision nationale TV7, après l’insurrection populaire de vendredi qui a vu la chute de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite, et son remplacement par Fouad Mebazaa. C’est en direct qu’elle a diffusé samedi après-midi l’arrestation de pilleurs et de miliciens cagoulés qui ont tenté de faire croire à la présence de groupuscules terroristes parmi les manifestants afin de manipuler l’opinion. Leur chef, Ali Seriati, ex-responsable de la sécurité de l’État, aurait également été arrêté en fin de matinée.
Sur les ondes, la résistance s’organise alors que Tunis est la proie des rumeurs. La télévision diffuse les numéros d’immatriculation des véhicules responsables de braquages et d’autres actes de vandalisme ou de violences. Les Tunisiens ont su pour l’instant ne pas s’engouffrer dans le cercle vicieux des règlements de compte et s’en remettent à l’armée, même si des comités de quartiers se sont spontanément créés entre voisins pour protéger les biens de chacun.
Bande de malfaiteurs
Les médias jouent un rôle citoyen en se mobilisant contre les attaques des milices et des pillards. Ils donnent l’alarme dès qu’un crime ou délit est signalé. Des numéros d’appel d’urgence ont été mis à la disposition de la population, qui commence à s’inquiéter de la présence de bandes de malfaiteurs. Par mesure de sécurité, la durée du couvre feu a été prolongé de deux heures par rapport à celui qui avait été effectif hier soir.
Déployée sur tout le territoire, l’armée a mis en place un maillage tel qu’il est difficile d’approcher les points stratégiques comme le centre ville de Tunis ou le bâtiment de la télévision nationale. En revanche, des prisonniers de la prison civile de Monastir, profitant du relâchement de la surveillance, se sont enfui en provoquant, tard dans la nuit, un incendie qui a fait 42 morts, selon le bilan provisoire d’une source hospitalière. La Tunisie n’est pas au bout de ses peines.