C’est une nouvelle étape dans la normalisation voulue par le nouveau pouvoir en Côte d’Ivoire. Au lendemain d’une très timide reprise du travail des fonctionnaires, le gouvernement d’Alassane Ouattara s’est réuni pour la première fois hors du « Golf ». Depuis la présidentielle, M. Ouattara et son équipe y étaient retranchés, soumis à partir de la mi-décembre à un blocus des forces pro-Gbagbo, levé il y a seulement deux semaines.
Symboles d’une nouvelle ère
Une dizaine de ministres – sur quinze au total – ont participé au conseil réuni dans les locaux de la Primature, sous la présidence du Premier ministre Guillaume Soro. « C’est un grand symbole. Ca montre que le pays est en marche. Je demande à toute l’administration de se mettre au travail », a déclaré M. Soro à la presse à l’issue du conseil.
Autre image symbolisant un changement d’époque en Côte d’Ivoire : des bulldozers écrasant, sous un beau soleil, les baraques de la « Sorbonne», le plus célèbre des forums pro-Gbagbo. Situé en plein cœur du quartier du Plateau (quartier administratif et d’affaires), non loin du palais présidentiel, cet espace jusque-là intouchable était le QG des « Jeunes patriotes » et autres orateurs de l’ancien régime.
Mais c’était également un marché informel, un temple du piratage (de CD et DVD) et un lieu de prostitution. De quoi justifier sa destruction selon un responsable de la mairie : « C’était une question de salubrité et de sécurité. Il fallait rendre le Plateau propre. »
Très actifs pendant la crise née de la présidentielle de novembre 2010, comme après le putsch raté de 2002 contre M. Gbagbo, les « Sorbonnards » vilipendaient les « rebelles de Ouattara » ainsi que l’ex-puissance coloniale française et l’ONU qui le soutenaient.
Situation humanitaire et sécurité à Abidjan
Dans Abidjan, l’activité est toujours timide, la circulation très fluide et de nombreux commerces restent fermés, malgré l’appel à la mobilisation des agents de l’État. Et la situation humanitaire demeure préoccupante.
La Commission européenne a annoncé avoir doublé son aide humanitaire à la Côte d’Ivoire, de 30 à 60 millions d’euros, qui seront principalement consacrés aux besoins en matière de santé, d’eau, et d’assistance alimentaire. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a lui commencé à fournir une assistance de 9 000 tonnes de riz au million de personnes déplacées, ainsi qu’aux 150 000 Ivoiriens qui seraient réfugiés au Liberia voisin, selon les organisations humanitaires internationales.
Bien que la sécurité ne soit pas encore rétablie partout, notamment dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon (nord-ouest), où des miliciens sont encore présents et des coups de feu entendus de jour comme de nuit, le gouvernement a levé lundi le couvre-feu instauré depuis le 31 mars à Abidjan. « La sécurité s’est notoirement améliorée […] Les policiers sont de retour à l’École de police, sont mobilisés, prêts à travailler », a assuré Guillaume Soro. (avec AFP)