Le ton s’est brusquement durci entre Paris et Kigali. Après avoir fait un pas en avant en invitant Paul Kagamé en France, le 9 avril dernier, Alain Juppé s’était vu répondre de manière cinglante par l’intéressé dans une interview à Jeune Afrique (n°2625, actuellement en kiosques) que sa présence n’était pas désirée au Rwanda.
« M. Kagamé a dit que je n’étais pas le bienvenu au Rwanda. Je lui ai répondu que je n’avais pas l’intention d’y aller et que tant que circulerait un rapport » mettant en cause le rôle de la France durant le génocide de 1994, « je n’ai pas l’intention de me manifester de façon très visible », a déclaré le ministre mercredi à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
"Tissu de mensonges"
Datant de 2008 et réalisé par une commission d’enquête rwandaise, le document accuse la France d’avoir « participé » au génocide de 1994. Il vise l’armée française, François Mitterrand, Édouard Balladur, Hubert Védrine, Dominique de Villepin, François Léotard, et Alain Juppé qui était à l’époque ministre des Affaires étrangères. Juppé a qualifié le rapport de « tissu de mensonges et d’inventions ».
Il s’agit d’« un contre-feu à l’instruction judiciaire menée en France », a-t-il estimé, en espérant « qu’un jour la vérité historique sera faite sur ce qui s’est passé au Rwanda entre 1993, un peu avant, et puis pratiquement aujourd’hui ».
Lundi, Alain Juppé avait déjà affirmé qu’il n’avait « pas l’intention d’aller [au Rwanda] ni de serrer la main » du président rwandais dont les déclarations critiques début avril ont suscité le courroux de Paris. Paul Kagamé avait alors déclaré que les Rwandais avaient « été insultés » par les prises de position en 1994 d’Alain Juppé. (avec AFP)