Cameroun : Kah Walla, une candidate ambitieuse à la présidentielle de 2011

Le 30 avril 2011, lors de son congrès extraordinaire, le Cameroon People’s Party a investi Kah Walla comme candidate à la présidentielle d’octobre 2011. Connue au grâce à sa réussite professionnelle et ses activités militantes, la fondatrice de Cameroun O’ Bosso pourra-t-elle devenir la première présidente du Cameroun ?

Kah Walla a été investie le 30 avril 2011 par le Cameroon People’s Party. © Capture d’écran

Kah Walla a été investie le 30 avril 2011 par le Cameroon People’s Party. © Capture d’écran

Publié le 27 mai 2011 Lecture : 4 minutes.

Présidentielle camerounaise : Paul Biya, jusqu’à quand ?
Issu du dossier

Présidentielle camerounaise : Paul Biya, jusqu’à quand ?

Sommaire

Elle vous aborde toujours avec un sourire aussi large que sa coiffe, qui laisse s’échapper des bouts de nattes nouées au-dessus de la tête. Mais aujourd’hui, Edith Kahbang Walla n’a plus qu’un objectif : convaincre les Camerounais de voter pour elle à la présidentielle d’octobre prochain. Du haut de son 1,62 m, cette femme de 46 ans qu’on surnomme Kah Walla, célibataire et sans enfant, brigue désormais la succession de Paul Biya. Rien de moins.

À peine investie le 30 avril dernier par le Cameroon People’s Party (CPP), créé en 1991 par le Pr. Samuel Fon Tita, Kah Walla a entrepris une tournée de mobilisation nationale en commençant par les trois régions septentrionales du pays. Son slogan de campagne – « The time is now », « le moment est venu » – résume à lui seul toute l’assurance de l’ambitieuse femme.

la suite après cette publicité

Reconnaissance internationale

La rapide ascension politique de Kah Walla traduit aussi un caractère de fonceuse qu’elle s’est sans doute forgée dans le monde de l’entreprise. Car avant de faire de la politique, elle a d’abord été une femme d’affaires avisée.

Fille d’un couple de fonctionnaires, Kah Walla est née en 1965 dans un hôpital d’Ibadan au Nigeria, où sa mère Grace Ebako Walla s’était rendue pour des raisons de santé. Par la suite, elle fait un cycle primaire à l’école américaine de Yaoundé, passe par le lycée de Bouaké en Côte d’Ivoire avant d’entreprendre des études de management à Howard University (États-Unis), où elle obtient un MBA.

Grâce à des économies personnelles, elle monte à Douala le cabinet international de conseil en management et marketing, Stratégies, qu’elle dirige maintenant depuis quinze ans. Stratégies a décroché de gros contrats avec des multinationales comme Orange, Shell, Standard Chartered Bank, Société générale des banques, etc. Le rayonnement de son affaire à l’étranger lui vaut d’ailleurs aujourd’hui de figurer sur la liste des « 150 femmes qui font bouger le monde », établie par l’hebdomadaire américain Newsweek et le site web d’information The Daily Beast*, en 2011.

la suite après cette publicité

Une âme d’activiste ?

Entrée en 2007 au Social Democratic Front (SDF), le principal parti d’opposition, elle est élue conseillère municipale à Douala la même année. Parallèlement, elle intègre le comité exécutif national du SDF. En avril 2008, elle crée Cameroun Ô’ Bosso, un mouvement citoyen que le pouvoir de Yaoundé a qualifié de « laboratoire au service d’intérêts politiques ». Car la rieuse Kah Walla possède une âme d’activiste, qui aime l’agitation des masses. Curieusement, elle s’en défend : « Est-ce que vous avez l’impression en m’écoutant que je suis une agitatrice ? Je ne le suis pas. »

la suite après cette publicité

« Kah Walla cultive le courage, l’indignation, et la passion de la révolution, confirme Jean-Robert Wafo, secrétaire régional du SDF pour le Littoral à Douala. Mais elle gagnerait à mettre parfois ses idées philosophiques sous le boisseau, pour faire de la politique avec plus de pragmatisme. »

En clair, Wafo lui reproche sa démission du SDF, le 23 octobre 2010. Kah Walla n’avait alors pas supporté d’être accusée par le président de la circonscription électorale de Douala 1er, où elle militait, de détournement de fonds de campagne et d’activités « contraires à la ligne du parti ». Cette fameuse ligne consiste à ne pas encourager l’inscription sur les listes élecorales car l’organisme chargé de superviser le processus électoral, Elecam « n’est pas qualifié pour organiser les élections », selon Joshua Osih, un des vice-présidents du SDF. En s’autorisant des déclarations contraires à cette orientation partisane, Kah Walla a été sous le coup d’une procédure disciplinaire et menacée d’exclusion. Mais elle a préféré prendre les devants en quittant le parti de John Fru Ndi.

"Tout sauf opportuniste"

« Nous étions divisés sur la question des inscriptions sur les listes électorales. Les autres étaient contre, moi j’étais pour », dit-elle pour justifier sa sortie du SDF. Kah walla a beau minimiser l’incident, celui-ci a fait sérieusement planer le doute sur sa volonté d’aller jusqu’au bout de son engagement en politique. « Je me suis dit que sans le SDF, elle ne serait investie nulle part ailleurs », affirme Alice Momo, militante du SDF à Douala et proche de la mouvance de John Fru Ndi.

Joseph Désiré Som I, son directeur de campagne, n’a quant à lui jamais douté. « Kah Walla est tout sauf une opportuniste, assure-t-il. Elle apporte des réponses et des solutions concrètes aux problèmes des Camerounais, et c’est pour cela qu’elle va gagner en 2011. »

Même s’il faut reconnaître qu’une telle prédiction reste très optimiste, on ne peut en revanche renier à Kah Walla son engagement sur le terrain. « Elle est toujours au service des autres », témoigne Sandra Happi-Tasha, une de ses anciennes collaboratrices à Stratégies. « À Douala, elle s’est investie tant financièrement qu’humainement dans les travaux d’assainissement du quartier Dikolo où elle habite. Et elle accompagne au quotidien les populations pauvres de son entourage, pour sécuriser leur habitat. »

Femme d’influence, Kah Walla est aussi engagée, généreuse et travailleuse. Que demande le peuple ? Les Camerounais nous le dirons en octobre 2011. 
_______

* Le Classement de Newsweek et The Daily Beast est publié au début de chaque année, sans ordre de mérite. Kah Walla a refusé de communiquer le chiffre d’affaires de Stratégies.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Paul Biya et son épouse Chantal, le jour du vote à Yaoundé, le 9 octobre 2011. © Seyllou/AFP

Présidentielle au Cameroun : Paul Biya rempile pour un sixième mandat consécutif