
Des rebelles combattent le 26 août 2011 à Abu Salim dans la banlieue de Tripoli. © Filippo Monteforte/AFP
Le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de la rébellion libyenne, s’est installé à Tripoli. Dans la capitale comme ailleurs dans le pays, les combats continuent, alors que Mouammar Kadhafi reste toujours introuvable.
Malgré la persistance de quelques poches de résistance dans la capitale libyenne, le comité exécutif du Conseil national de transition, organe politique de la rébellion, a été transféré de Benghazi à Tripoli. L’annonce de l’installation du gouvernement rebelle à Tripoli a été faite dans la nuit de jeudi à vendredi par son vice-président, Ali Tahouni.
Huit hauts responsables du CNT étaient arrivés jeudi dans la capitale, afin de travailler sur le processus de transition politique, a affirmé Mahmoud Chammam, un porte-parole de l’organe politique de la rébellion.
Mais le « Guide » libyen ne l’entend pas de cette oreille. « Il faut résister contre ces rats d’ennemis, qui seront vaincus grâce à la lutte armée », a fustigé Mouammar Kadhafi dans un nouvel enregistrement, diffusé par la chaîne satellitaire Arrai, basée en Syrie. Depuis le début du conflit, à la mi-février, 20 000 personnes auraient trouvé la mort selon Moustapha Abdeljalil, le chef du CNT.
Mettre la main sur Kadhafi
Les combats se poursuivaient jeudi dans la capitale. Après plusieurs heures d’affrontements, les rebelles sont parvenus à prendre le contrôle d’Abou Salim, un quartier du sud de la ville proche du quartier général de Mouammar Kadhafi, Bal al-Aziziya, pris mardi par les rebelles et qui serait désormais livré aux pilleurs. Mais les combats se sont déplacés dans le secteur voisin de Machrour, a indiqué le chef d’un bataillon de combattants.
Pour le moment, la priorité pour les insurgés reste de mettre la main sur Mouammar Kadhafi, toujours introuvable, tout comme ses fils. « Il n’a plus que quatre personnes autour de lui, il y a deux possibilités : soit il se cache dans la partie méridionale de Tripoli, soit il est déjà parti depuis un certain temps », déclare l’ancien numéro deux du régime libyen, Abdessalem Jalloud.
Mercredi, les rebelles avaient déclaré offrir une récompense de 1,7 million de dollars à quiconque permettrait de le retrouver, vivant ou mort. Et selon le quotidien Daily Telegraph, des forces spéciales britanniques ont été dépêchées sur le terrain en Libye pour traquer le colonel Kadhafi, mais les autorités n’ont pas confirmé l’information.
« L’ère Kadhafi touche à sa fin »
Ailleurs dans le pays, les insurgés rencontrent toujours une résistance des loyalistes. Sur le front Est, ils tentaient toujours de progresser jeudi vers Syrte, fief de Mouammar Kadhafi, aidés par les raids de l’Otan, selon la page Facebook de la télévision d’État. Cette ville pourrait abriter le colonel selon les rebelles.
Dans l’Ouest, Zouara était toujours contrôlée par la rébellion mais reste encerclée par les forces loyalistes, ont indiqué jeudi des rebelles de Sobratah. Les rebelles ont par ailleurs annoncé avoir pris le contrôle de la localité d’Al-Wyg, « stratégique, notamment car elle abrite une piste d’atterrissage », selon une source rebelle.
« Il est clair que l’ère Kadhafi touche à sa fin », a déclaré la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, en appelant les insurgés à se montrer fermes face à la « violence extrémiste ». Selon Washington, les prochains jours seront « critiques » pour la Libye.
Récompense « en fonction du soutien »
Les États-Unis souhaitent se positionner de manière stratégique dans la Libye de demain. Pour cela, le pays a décidé jeudi de débloquer 1,5 milliard de dollars pour le pays, répartis de manière équitable entre l’aide humanitaire internationale, la rétribution des membres du CNT et l’achat de biens de première nécessité, dont le carburant.
Les rebelles ont également obtenu le feu vert de l’ONU pour une aide réclamée d’urgence destinée à la reconstruction du pays. Le Conseil de sécurité a accepté de débloquer 1,5 milliard de dollars d’avoirs libyens gelés, ont indiqué des diplomates. L’Italie a également donné l’ordre de dégeler « une première tranche des avoirs libyens à hauteur de 350 millions d’euros ».
Les Occidentaux n’hésitent pas à dépenser de lourdes sommes pour s’attirer les faveurs du CNT , Moustapha Abdeljalil, le numéro un de l’organe politique de la rébellion, ayant auparavant promis de récompenser, lors de la reconstruction du pays, les États ayant aidé la Libye « en fonction du soutien » qu’ils ont apporté aux insurgés.
(Avec AFP)
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