
Le président camerounais Paul Biya, le 15 septembre 2011 à Yaoundé. © AFP
Combien de F CFA la campagne électorale pour la présidentielle a-t-elle englouti au Cameroun ? Passage en revue des budgets des trois principaux partis en compétition : le RDPC de Paul Biya, le SDF de John Fru Ndi et le CPP de Kah Walla.
Une campagne électorale coûte cher. Très cher. Et le « sérieux » des candidats à la présidentielle camerounaise du 9 octobre prochain se mesure aussi par la taille de leur budget. Ont-ils la capacité de faire une « campagne de proximité » sur un territoire vaste de 475 000 km² ? Où trouver l’argent pour confectionner les gadgets de campagne dont raffolent les populations, payer, transporter et nourrir les scrutateurs qui veilleront sur la régularité des votes et la sincérité des résultats ?
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, détient sans doute le plus gros budget de cette campagne. Les montants sont tenus secrets par le trésorier Gilbert Tsimi Evouna, par ailleurs délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé. Mais la presse camerounaise présume qu’ils se chiffrent en milliards, au regard de la puissance financière des membres du comité central du parti.
Il faut dire que les instances du RDPC regroupent le gratin des directeurs généraux des sociétés à capitaux publics, ainsi qu’une grande partie des patrons des grandes entreprises du secteur privé. Le parti aurait puisé dans un budget de communication qui s’élèverait à 3 milliards de F CFA pour financer une vaste campagne d’affichage à travers le pays. Mais l’argent ne suffit pas. Selon des indiscrétions, la livraison des gadgets commandés en Chine par l’équipe de campagne du candidat-président serait retardée.
Représailles fiscales
Quant au Social democratic front (SDF) de John Fru Ndi, l’autre poids lourd de la présidentielle, il a tablé sur un budget de 2 milliards de F CFA. Mais le parti du chairman a dû revoir ses prévisions de dépenses à la baisse. Selon son vice-président Josuah Osih, cité par RFI, il a été ramené à 600 millions. La raison étant qu’« aucune grande entreprise ne se risque à financer notre campagne, ils ont trop peur d’avoir des problèmes avec les impôts en représailles », dit-il.
Par ordre d’importance, le troisième budget semble être celui du Cameroon’s People Party (CPP) de Kah Walla, qui a investi 300 millions dans la campagne. Outre ses fonds propres, la femme d’affaires a bénéficié du soutien de fortune de la diaspora camerounaise installée aux États-Unis, notamment, où elle a effectué en avril dernier une tournée d’appel de fonds.
Parmi les 23 candidats retenus, certains ont dû attendre l’encaissement du chèque de 30 millions de F CFA (environ 45 000 euros) de fonds de campagne promis par l’État pour se déployer sur le terrain. Mais le trésor public n’a déboursé l’argent qu’après le début de la campagne. Pis, il n’a payé que la moitié de la somme prévue par la loi. Le solde ne sera disponible qu’après le scrutin.
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