
L'opposant camerounais John Fru Ndi lors d'un meeting à Yaoundé le 8 octobre 2011. © AFP
Plus d’une semaine après la tenue de l’élection présidentielle camerounaise, six candidats de l’opposition ont signé un document, appelant à rejeter le résultat du scrutin, qui devrait être connu avant le 24 octobre.
À quelques jours du verdict de l’élection présidentielle au Cameroun, les leaders de l’opposition n’ont pas attendu pour condamner d’ores et déjà les résultats présumés du scrutin. « Nous (…) rejetons tout résultat que pourra déclarer le Conseil constitutionnel », ont écrit sept candidats de l’opposition, dont le principal adversaire du président sortant et leader du Social Democratic Front (SDF), John Fru Ndi.
Cette « Déclaration de Yaoundé », ainsi nommée par les opposants de Paul Biya, qui, à 78 ans, brigue un 6e mandat, appelle tous les Camerounais à refuser le résultat de cette élection, qui s’est tenue le 9 octobre. « Dans le cas où le Conseil constitutionnel refuse d’annuler cette mascarade électorale et persiste à déclarer les résultats, nous appelons (…) le peuple à venir massivement manifester en faveur de leur droit de participer à des élections libres et transparentes », ont-ils écrit.
Avant la signature de ce texte, dix candidat à la présidentielle ont déposé à la Cour suprême dix-huit recours en annulation partielle ou totale de la présidentielle, dont les résultats doivent être proclamés avant le 24 octobre.
"Environnement chaotique"
Parmi les principales dénonciations de la « déclaration de Yaoundé », un « environnement électoral (…) chaotique avec d’innombrables irrégularités ». « Nous déclarons qu’Elections Cameroon (Elecam, la commission électorale) a failli complètement à sa mission d’organiser une élection libre, juste et transparente », fustige le document, indiquant que « plus de 70% des cartes d’électeurs n’ont pas été distribuées », ce qui fait que « la majorité de ceux qui s’étaient inscrits sur les listes électorales n’ont pas pu exercer leur droit de vote ».
Outre John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, leader de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), 3ème de la présidentielle de 2004, Edith Kahbang Walla, plus connue sous le nom de Dite Kah Walla, candidate du Cameroon People’s Party (CPP), une ancienne du SDF, Bernard Muna, candidat de l’Alliance des forces progressistes (AFP), ancien membre du SDF également, ainsi que Jean de Dieu Momo, du parti des Patriotes démocrates pour le développement du Cameroun (Paddec), Albert Dzongang (parti La Dynamique) et Paul Ayah Abine, un magistrat transfuge du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, parti du président Biya) investi par le People’s Action Party (PAP), ont cosigné le document.
Tous ont appelé les Camerounais à défendre la démocratie, et seront en tête des manifestations dans les prochains jours. « Quel que soit le candidat qui sera proclamé vainqueur, il n’aura pas de légitimité », a asséné John Fru Ndi.
Face à cette menace, le ministre chargé des Relations avec les Assemblées et secrétaire général adjoint du RDPC, Grégoire Owona, a réagi. « Le secrétaire général (du RDPC) a invité nos militants et nos sympathisants à rester mobilisés et surtout très vigilants, à accepter le verdict quel qu’il soit », a-t-il affirmé.
(Avec AFP)
Lire les autres articles du dossier
«Présidentielle camerounaise : Paul Biya, jusqu'à quand ?»
- Présidentielle au Cameroun : après la réélection de Paul Biya, Paris note de nombreuses irrégularités
- Présidentielle au Cameroun : Paul Biya rempile pour un sixième mandat consécutif
- Cameroun : les États-Unis dénoncent une élection présidentielle entachée d'irrégularités
- Présidentielle au Cameroun : recours de l'opposition rejetés, résultats proclamés vendredi
- Cardinal Christian Tumi : "Le Cameroun n'est pas un royaume !"
- Présidentielle au Cameroun : Douala, la frondeuse déclassée
- Présidentielle au Cameroun : trois partis d'opposition favorables à l'annulation du scrutin
- Présidentielle camerounaise : forte abstention, violences et suspicion de fraudes
- Présidentielle camerounaise : "aucun dysfonctionnement majeur" pour Elecam
- Présidentielle camerounaise : l'opposition dénonce l'assassinat de Virginie Takoguem
- Présidentielle camerounaise : vers la contestation des résultats ?
- Le Cameroun vote pour une présidentielle au grand favori, Paul Biya
- Fanny Pigeaud : "Le besoin de dire les choses" sur le Cameroun de Paul Biya
- Présidentielle camerounaise : les principaux outsiders de Paul Biya
- Présidentielle camerounaise : Paul Biya, le président inoxydable
- Cameroun : indifférence et scepticisme pour la présidentielle
- Présidentielle camerounaise : le fossé se creuse entre les jeunes et les élites
- Présidentielle au Cameroun : les gros budgets de la campagne électorale
- Présidentielle au Cameroun : "Les partis sont les meilleurs garants de la transparence" du scrutin
- Présidentielle au Cameroun : les jeunes du RDPC entrent en campagne
- Cameroun : les grands absents de la présidentielle
- Cameroun : une présidentielle sous haute tension
- Cameroun : des militaires réclament le départ de Paul Biya
- Cameroun : l'opposition dénonce des irrégularités dans l'organisation de la présidentielle
- Congrès du RDPC : quand Paul Biya "rassemble" pour mieux régner au Cameroun
- Cameroun : Paul Biya, les poids lourds et les outsiders de la présidentielle
- Cameroun : une date pour les présidentielles, enfin !
- Cameroun : Kah Walla, une candidate ambitieuse à la présidentielle de 2011