
Les présidents chinois et tanzanien, Xi Jinping et Jakaya Kikwete, le 24 mars, à Dar es-Salaam. © Lang Hongguang/AP/SIPA
China Merchants Holdings veut doter la Tanzanie du plus grand port d’Afrique, à Bagamoyo. Coût de l’opération : pas moins de 10 milliards de dollars…
En remontant la côte tanzanienne, à 70 km au nord de Dar es-Salaam, face à l’île de Zanzibar, Bagamoyo est une petite localité essentiellement fréquentée par quelques touristes venus visiter ce haut lieu de la traite négrière. Qu’ils en profitent ! Car dans quatre ans à peine, tout aura changé. C’est en effet ici que le gouvernement tanzanien fait sortir de terre ce qui sera bientôt le plus grand port du continent.
Le projet est ancien : déjà, en 2007, les autorités envisageaient d’y développer de nouvelles infrastructures pour désengorger le port de Dar es-Salaam. Mais la visite en Tanzanie du président chinois, Xi Jinping, le 24 mars, a donné un coup de fouet à l’opération. Un accord a été conclu à cette occasion avec le plus gros opérateur portuaire public chinois, China Merchants Holdings.
Pharaonique
Pour la Tanzanie, il s’agit de retrouver sa place dans le commerce maritime continental. Le port de Dar es-Salaam, aujourd’hui le deuxième en taille de la région après Mombasa (Kenya), est sous-dimensionné. Ne pouvant gérer que 800 000 conteneurs par an, il est en outre incapable d’accueillir des porte-conteneurs excédant 2 500 équivalents vingt pieds (EVP), alors que les navires de quatrième génération atteignent 10 000 EVP.
Toutes ces limitations devraient voler en éclats grâce au projet pharaonique en cours. Le nouveau port aura une capacité de 20 millions de conteneurs par an – autant que Shenzhen (Chine), le quatrième port mondial, et deux fois plus que Rotterdam (Pays-Bas), le premier en Europe. « Le coût total de la construction du nouveau port, de la zone franche, du réseau ferroviaire et d’autres infrastructures est de 10 milliards de dollars [7,6 milliards d’euros] », précise Charles Tizeba, le ministre délégué au Transport. Les Chinois ont prévu d’en débourser la moitié dès cette année, et le reste en 2014 et 2015. La mise en service des nouvelles installations est prévue pour 2017.
Connecté au réseau ferroviaire Tanzanie-Zambie (Tazara) par une nouvelle ligne de 65 km, Bagamoyo pourrait devenir le hub de la façade orientale africaine pour les importations depuis l’Asie et pour les exportations de ses voisins enclavés (Ouganda, Rwanda, Burundi, Zambie, Malawi et même Zimbabwe). Pour l’instant essentiellement dirigées vers Durban (Afrique du Sud) et Mombasa, marchandises et matières premières pourront alors transiter plus rapidement et à moindre coût par la Tanzanie.
Lire aussi :
Tanzanie : le plus grand port d’Afrique attendu pour 2017
CMA CGM s’allie avec China Merchants Holdings
Xi Jinping promet toujours plus d’investissements en Afrique
Lire les autres articles du dossier
«Transport maritime : ports à prendre»
- Dossier transport maritime : les ports africains passent au privé
- Les armateurs mettent le cap sur la croissance africaine
- Le philippin ICTSI poursuit son expansion en Afrique
- L'ARSTM forme l'élite de la marine marchande ouest-africaine
- Boborinter, plateforme modèle au port de Bobo-Dioulasso
- Port d'Abidjan : le belge Sea-Invest mise sur le filon minier
- Tunisie : le port de Radès en difficulté
- Golfe de Guinée : comment les assureurs contrent la menace pirate
- Rodolphe Saadé : "Nous voulons à tout prix grandir avec l'Afrique"