Élections en RDC : Kabila et Kamerhe se disputent les Kivus

Deux candidats monopolisent le terrain dans les Kivus : le président sortant Joseph Kabila et son ancien allié, Vital Kamerhe. Reportage à Goma et Bukavu, quelques jours avant les élections présidentielle et législatives, prévues le 28 novembre en RDC.

Dans les Kivus, tout semble se jouer entre les anciens alliés Kabila et Kamerhe. © AFP/Vincent Fournier pour J.A.

Dans les Kivus, tout semble se jouer entre les anciens alliés Kabila et Kamerhe. © AFP/Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 22 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Présidentielle et législatives 2011 en RDC
Issu du dossier

Présidentielle et législatives 2011 en RDC

Sommaire

Les Congolais sont unanimes sur le sujet. Par rapport à 2006, la campagne pour la présidentielle et les législatives du 28 novembre manque d’entrain dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans les capitales provinciales, Goma et Bukavu, défilent de rares convois crachant une musique saturée et parfois spécialement composée à la gloire des candidats fortunés. Mais la joute électorale est encore plus visuelle que sonore.

Deux prétendants à la magistrature suprême sortent du lot : le président sortant Joseph Kabila et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui se disputent les Kivus à coups d’affiches placardées sur les murs, les arbres et les voitures, ou encore de drapeaux plantés sur les maisons, les magasins et les motos. Avec, en terme de visibilité, un avantage certain pour le chef de l’État.

la suite après cette publicité

Match captivant

Les deux candidats effacent littéralement du paysage les neuf autres concurrents. Pour les Kivusiens, le match Kabila-Kamerhe est captivant. En 2006, c’est Vital Kamerhe, natif de Bukavu, qui avait été le principal artisan de la victoire écrasante de Joseph Kabila dans les Kivus – régions montagneuses encore en proie à l’action de groupes armés nationaux et étrangers. Mais depuis, il a rejoint l’opposition et créé en 2010 l’Union pour la nation congolaise (UNC).

« Ici, c’est vraiment divisé avec l’arrivée de Kamerhe, confie Karume, 31 ans, un chauffeur de Bukavu qui arpente une route bitumée au bord du lac Kivu. La majorité pense que Kabila a fait beaucoup en terme de routes, d’accès à l’électricité et à l’eau, même s’il n’a pas tout réalisé. Mais Kamerhe a redynamisé le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, au pouvoir). Il a aussi été le député le mieux élu du Congo après Moïse Katumbi, et quand il dirigeait l’Assemblée nationale, les députés allaient plus aux plénières ! »

Kabila et Kamerhe à Goma

la suite après cette publicité

Joseph Kabila et Vital Kamerhe se sont rendus à Goma la semaine dernière dans le cadre de la campagne électorale, officiellement lancée le 28 octobre. Point commun : ils se sont exprimés en swahili. L’affluence ? Selon la Radio Okapi, parrainée par les Nations Unies, « des centaines de sympathisants » se sont rassemblés le 14 novembre devant la tribune de l’Office national de café pour acclamer Joseph Kabila. Mais samedi, ce sont plusieurs milliers de partisans qui se sont massés pour Vital Kamerhe au stade Afia, d’où l’on pouvait voir le volcan Nyiragongo – dont la coulée de lave en janvier 2002 a fait 147 morts, détruisant 80% de la capitale du Nord-Kivu.

C’est une autre ambiance avec les centaines de candidats-députés. Ils font parfois du porte à porte pour sensibiliser la population à leur programme. Surtout, il essaient de capitaliser l’attention sur leurs calicots, qui fleurissent dans les arbres, s’agrippent aux poteaux, habillent les magasins, drapent les maisons… Difficile de s’y retrouver et d’y voir clair.

la suite après cette publicité

« Nous avons constaté que les candidats n’avaient pas de moyens. Je ne sais pas si les partis politiques les ont financés. (…) Il y avait même certains qui manquaient d’affiches, de photos », déclare Élodie Ntamuzinda, présidente de la société civile du Sud-Kivu. Et de conclure en riant qu’au fur et à mesure, pour les deux scrutins, « l’ambiance est en train de vibrer ». « Il y a déjà des voix qui s’élèvent de partout, des baffles qui circulent dans la ville… Ce bruit-là n’arrange pas aux oreilles, mais c’est la démocratie ! »

____________

Par Awa Diallo, à Goma et Bukavu

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Les fraudes semblent avoir pesé de tout leur poids dans la réélection de Kabila. © Gwenn Dubourthoumieu/AFP

RDC – Présidentielle : le scrutin manque de transparence, selon l’UE