On l’aurait plus sûrement imaginé mourir les armes à la main, « en martyr ». Finalement, c’est un banal accident de voiture qui aura eu raison de Nabil Makloufi, chef adjoint d’Al-Qaïda au Sahel. « Nabil Makloufi a été rappelé à Dieu samedi soir. Il est mort avec d’autres "frères" dans un accident de voiture entre Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest) », au Mali, a précisé un responsable d’Aqmi pour la région de Gao à l’AFP.
Un responsable du groupe Ansar Dine à Tombouctou a confirmé l’information et précisé que c’était Nabil Makloufi lui-même qui était au volant du véhicule lorsque l’accident est survenu. L’information relatant la mort de l’Algérien a également été relayée par Sahara Medias. Ce site privé mauritanien d’information est généralement bien au fait des activités des groupes armés dans le nord du Mali. D’après le site, l’accident a eu lieu « à quelque 200 kilomètre à l’ouest de la ville de Gao ».
Le djihadiste était davantage connu sous le nom de Nabil Abou Alqama, pseudonyme qu’il avait adopté pour la lutte armée. Il coordonnait les actions d’Al-Qaïda dans le nord du Mali, zone au centre des attentions depuis qu’elle est tombée aux mains des islamistes, il y a plus de cinq mois. Sahara Medias rapporte que le quadragénaire occupait le poste de chef adjoint d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pour la zone du Sahara.
Il avait débuté sa « carrière » au sein des GIA (Groupe islamiste armé) dans son pays natal avant de rejoindre le GSPC algérien (Groupement salafiste pour la prédication et le combat), précise Le Matin DZ. La radio RFI rapporte quant à elle que Nabil Mekloufi avait été arrêté par les services secrets algériens il y a quelques années mais avait réussi à s’échapper avant de prendre les chemins du maquis.
Katibas rivales
Il a ensuite gravi progressivement les échelons au sein d’Aqmi (nouvelle appellation adoptée par le GSPC à partir de 2007 après son ralliement à Al-Qaïda) jusqu’à devenir, il y a trois ans, l’homme chargé par Abdelmalek Droukdel de coordonner les différentes katibas dans la zone saharienne. Avant leur réunification, qu’il a amorcée, les différents groupuscules se livraient une lutte sans merci pour la prise d’otage. Certains experts estiment toutefois que l’Algérien a plutôt échoué dans la mission qui lui avait été fixée et que les katibas, loin d’être unies, sont toujours en situation de rivalité.
D’après plusieurs services de sécurité au Sahel, Nabil Makloufi était également le gestionnaire des stocks de l’armement d’Aqmi au Sahel, notamment des explosifs. Il occupait aussi la fonction de chef du Nord-Mali pour la libération d’otages européens, en relation avec les chefs des katibas (unités combattantes) qui les détiennent.
Négociations et formations
L’autorité de Nabil Makloufi était d’ailleurs acceptée par les chefs de katibas tels qu’Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar. Un ancien médiateur malien, qui aurait travaillé « sur un dossier » avec l’Algérien, relate que ce dernier participait directement aux négociations pour fixer le montant des rançons des otages. Par ailleurs, il incombait également à Nabil Makloufi de s’occuper de la formation des jeunes recrues d’Aqmi.
Le Matin DZ fait état de plusieurs sources qui avançant que Nabil Makloufi serait prochainement désigné « émir du Sahara », autrement dit, numéro un d’Al-Qaïda au Sahel. Son décès pourrait donc poser de sérieux problèmes d’organisation à la nébuleuse terroriste alors qu’une intervention armée de la Cedeao se profile à l’horizon.
(Avec agences)