Après une brève période d’accalmie sur le terrain, les affrontements ont opposé le 20 mai, aux environs de 4 heures du matin, l’armée congolaise au Mouvement du 23-Mars (M23) à Mutaho, à quelque 15 km au nord de la ville de Goma. Qui a tiré le premier ? Pour l’instant, les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir lancé l’assaut.
Pour le M23 qui dit contrôler ce village depuis son retrait de Goma, la capitale du Nord-Kivu, en novembre 2012, ce sont des rebelles rwandais FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui ont occupé leur position tôt le matin. « Il y a une source à Mutaho où nos hommes vont s’approvisionner en eau. Lorsqu’ils s’y sont rendus aujourd’hui, ils ont trouvé les FDLR sur le lieu. Ils étaient alors contraints de les repousser », explique à Jeune Afrique Bertrand Bizimwa, le chef politique du mouvement rebelle. Et d’ajouter : « C’est vers 6 heures du matin que les FARDC (armée congolaise, NDLR) nous ont attaqués à leur tour et continuent de pilonner nos positions. »
Un « faux alibi », rétorque le colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l’armée congolaise au Nord-Kivu. « Depuis deux semaines, le M23 menaçait d’occuper de nouveau Goma pour entraver le déploiement de la brigade d’intervention chargée par l’ONU de neutraliser tous les groupes armés. C’est ce qui explique la tentative des rebelles du M23 de nous attaquer », avance-t-il.
"Provocation" ?
Après les échanges des tirs, un calme relatif est revenu à Mutaho. Toutefois, les deux camps continuent de se regarder en chiens de faïence. « Pour le moment, nous ne voulons pas reprendre les hostilités. Mais, si les FARDC continuer à nous provoquer, nous serons bien contraints de réagir », prévient Bertrand Bizimwa qui accuse Kinshasa d’avoir démontré « son intention de reprendre la guerre, avec le début du déploiement de la brigade d’intervention ».
Dirigés par le général tanzanien James Mwakibolwa, les premiers éléments de la brigade d’intervention de l’ONU sont arrivés le 20 mai, à Goma. L’ensemble des troupes composées des soldats tanzaniens, malawites et sud-africains devront être en place dans « le délai le moins long possible », affirme Madnodje Mounoubai.
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Par Trésor Kibangula