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Pointe-Noire : identités plurielles
Au Congo, elle a la réputation d’être une « grande gueule ». En tout cas, elle n’a pas sa langue dans sa poche. « Cela fait partie de mon éducation. Mon père me disait toujours de ne jamais me taire quand je ne suis pas d’accord. » Quelque soixante-dix ans plus tard, Mambou Aimée Gnali garde « le courage de toujours dire la vérité » et une vivacité extraordinaire. Extraordinaire, son parcours l’est également.
Née à Brazzaville, elle se retrouve à l’âge de 3 ans à Nkayi (dans le département de la Bouenza), où son père a été muté, et commence les classes primaires à Pointe-Noire. Elle a 12 ans lorsque son père l’envoie poursuivre ses études en France, d’où elle rentre en 1952 après le décès de sa soeur. Élève au lycée Savorgnan-de-Brazza de Brazzaville, elle sera la première bachelière de l’Afrique-Équatoriale française. De quoi obtenir une bourse d’études qui lui permet de s’inscrire à la Sorbonne, à Paris, où elle décroche une licence de lettres modernes et milite à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf).
De retour au Congo en 1963, Mambou Aimée Gnali enseigne le français au lycée Victor-Augagneur de Pointe-Noire, puis à l’École normale supérieure d’Afrique centrale, à Brazzaville, avant de s’envoler parfaire sa formation aux États-Unis. Devenue directrice générale de l’enseignement, la jeune femme quitte à nouveau le Congo en 1971 pour une carrière internationale à l’Unesco, dont sept ans à Paris et treize à Dakar.
Au début des années 1990, elle prend une retraite anticipée et participe à la Conférence nationale. En 1992, elle est élue conseillère municipale à Pointe-Noire sur la liste de Jean-Pierre Thystère-Tchicaya, dont elle devient la première adjointe en 1995. Nommée ministre de la Culture et des Arts en 1997, elle démissionne en 2002. Aujourd’hui, elle enseigne la communication à l’École supérieure de technologie du littoral, à Pointe-Noire. Secrétaire générale et porte-parole du Parti pour l’alternance démocratique (PAD, opposition), Mambou Aimée Gnali a écrit Beto na beto : le poids de la tribu, récit autobiographique paru chez Gallimard en 2001.