Ils sont 70 militants du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD, opposition) à faire face à la justice burundaise. Mardi 18 mars, le substitut du procureur, Anastace Habonimana, a requis la perpétuité pour 46 des accusés – dont cinq femmes – poursuivis pour "participation à un mouvement insurrectionnel armé", et une peine de 15 ans de prison pour 22 autres qui auraient tenté d’y participer. Deux mineurs seront par ailleurs jugés mercredi par une Cour spéciale.
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L’arrestation des militants le 8 mars faisait suite à des affrontements particulièrement violents avec la police, au cours desquels des membres des forces de l’ordre avaient été pris en otage au siège du parti à Bujumbura. Une vingtaine de militants avaient été blessés, certains par balles, lors de l’assaut donné par la police, qui avait accusé des membres du MSD d’avoir ouvert le feu les premiers.
"Un procès politique"
"C’est un réquisitoire dur, très dur, mais c’est pour servir d’exemple, pour que plus personne ne tente de déstabiliser ce pays", a déclaré à l’AFP un magistrat ayant requis l’anonymat. De son côté, la défense a refusé de plaider, dénonçant le refus des juges d’organiser un procès équitable et juste. Seuls les avocats de cinq accusés, qui assurent avoir été arrêtés par erreur par la police alors qu’ils déambulaient dans la rue, ont accepté de plaider.
"Nous avons décidé de nous retirer parce que la Cour nous refuse l’exercice des droits fondamentaux de la défense. Certains avocats n’ont pas encore lu leurs dossiers, nous avons soulevé des questions préalables de compétence du tribunal (…) mais la Cour a refusé de nous écouter", a justifié Me Prosper Niyoyankana.
Quant à Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la Protection des prisonniers et des droits humains, il a dénoncé un procès politique, estimant que tout était joué d’avance. Le président du MSD, l’ex-journaliste Alexis Sinduhije, l’un des plus farouches opposants au président burundais Pierre Nkurunziza, reste en fuite et risque lui aussi la perpétuité pour avoir organisé une insurrection armée.
(Avec AFP)