La campagne, prévue sur deux ans et concernant aussi la dénonciation de l’inceste, vise à "amener les gens à comprendre qu’un cas de viol est un cas de trop et aider à freiner la croissance de ce crime", a expliqué à l’AFP Flavien Ndonko, un responsable local de la coopération technique allemande (GTZ) à l’origine de l’opération avec un réseau de filles-mères, le Rénata, qui revendique plus de 200 associations à travers le pays.
Dans le cadre de cette opération, des victimes de viol et/ou pratiques incestueuses seront appelées à témoigner dans des écoles et des médias, selon les initiateurs qui espèrent ainsi inciter la société à "briser le silence".
"L’évolution du viol a une tendance (. . . ) préoccupante", et si rien n’est fait, "le viol deviendrait dans les 10 à 15 années à venir un problème de santé publique" par ses conséquences, a estimé M. Ndonko, évoquant notamment le traumatisme psychologique, les infections sexuellement transmissibles, les complications suite aux grossesses précoces.
Cette campagne a été lancée au moment de la publication d’une étude de la GTZ et du ministère de la Santé sur le viol et l’inceste dans le pays.
Ces vingt dernières années, "5,2% des filles et femmes ont été violées au Cameroun", soit plus de 432. 000 victimes ayant une moyenne d’âge de 15 ans, d’après cette étude pour laquelle ont été interrogées 37. 000 filles et femmes entre novembre 2008 et janvier 2009 dans toutes les régions du pays.
Les enquêteurs estiment que ce taux était autour de 0,1% dans les années 1970.
"18% des cas de viol ont été perpétrés par un membre de la famille", selon le rapport.
La législation camerounaise criminalise les agressions sexuelles, prévoyant des peines pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité. Mais les affaires de viol faisant l’objet de poursuites judiciaires donnent rarement lieu à des condamnations (un présumé violeur sur vingt), d’après l’étude.