Politique

Au Gabon, le général Oligui veut relancer la chasse aux fraudes dans les marchés publics

Le 13 septembre, le nouveau pouvoir de Libreville a annoncé vouloir relancer la « task force » chargée de traquer les « fraudes » dans les marchés publics. Le président de transition a appelé les hauts fonctionnaires et cadres du secteur public à restituer eux-mêmes « les fonds détournés ».

Par
Mis à jour le 14 septembre 2023 à 10:27

Le général Brice Oligui Nguema lors de son investiture en tant que président par intérim du Gabon, le 4 septembre 2023. © AFP

Le général Brice Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo Ondimba il y a deux semaines au Gabon en accusant notamment son régime de « détournements massifs », a annoncé mercredi une commission d’enquête sur les marchés publics pour traquer les « fraudes ».

À LireAu Gabon, du coup d’État à Ndong Sima, la saga de l’implosion de l’opposition

« Le président de la transition (…) a décidé ce jour de réactiver la task force de contrôle de la dette intérieure et extérieure afin d’effectuer la vérification de l’ensemble des marchés publics. Cette task force reprendra tous les actes laissés en suspens par la précédente sans raisons évidentes », ont annoncé les militaires au pouvoir dans un communiqué lu à la télévision publique. « Le chef de l’État invite les sociétés adjudicataires des marchés publics et toutes les entités administratives concernées à se rapprocher de la Commission dès réception de leur convocation », concluent-ils.

Le pays « nécessite une évaluation minutieuse et rigoureuse des marchés publics afin de détecter toute irrégularité ou fraude potentielle », lisait-on quelques minutes plus tard sur le compte du général Oligui sur le réseau social X (ex-Twitter).

Discours menaçant

Proclamé président de transition au lendemain du putsch du 30 août, il avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la « surfacturation » contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu de « stopper ces manœuvres » dans les passations de marchés publics, dans un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d’entreprises gabonaises « convoqués » à la présidence.

À LireLes lanceurs d’alerte anti-corruption toujours aussi persécutés

Quelques jours plus tard, il tançait publiquement des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public : « Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence ».

Le jour du coup d’État, les militaires avaient arrêté l’un des fils du chef de l’Etat déchu, Noureddin Bongo Valentin, ainsi que six autres jeunes hauts responsables du cabinet de l’ex-président et de son épouse Sylvia Bongo Valentin. Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d’État, les montraient aux pieds de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque.

Mme Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville « pour sa protection » selon la présidence, « détenue arbitrairement » selon ses avocats. Noureddin Bongo et les six autres ex-membres de la « jeune garde » sont emprisonnés et accusés notamment de « haute trahison, détournements massifs des deniers publics ».

Ali Bongo, lui, d’abord en résidence surveillée à Libreville pendant quelques jours après le putsch, est « libre de ses mouvements » et de « se rendre à l’étranger », avait annoncé le général Oligui le 6 septembre.

(Avec AFP)