Politique

L’interdiction de l’abaya est le signe d’une « panique morale »

La décision du ministre français de l’Éducation nationale fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pour le président de SOS Racisme, invoquer la laïcité pour interdire des vêtements dont la signification reste ambiguë interroge profondément.

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Mis à jour le 2 septembre 2023 à 10:20
Dominique Sopo

Par Dominique Sopo

Président de SOS Racisme (France)

Une femme portant une abaya à Nantes, le 29 août 2023. © REUTERS/Stephane Mahe

Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a récemment annoncé un circulaire visant à l’interdire le port de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires, désignant de façon exclusive – pour la première fois en matière de normes scolaires justifiées par la laïcité – des vêtements associés dans le débat public à l’islam. Dont acte. Pourtant, quelques remarques et réflexions s’imposent.

Précisons-le d’emblée : SOS Racisme est favorable à la loi de 2004 qui stipule que « dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ». Problème : autant le voile islamique, la kippa ou la croix sont des signes dont la dimension religieuse fait consensus (ils sont d’ailleurs expressément cités dans la circulaire d’application de la loi de 2004), autant l’abaya et le