La défense d’Édouard Mwangachuchu, accusé de complicité avec les rebelles du M23 et contre lequel le ministère public a requis la perpétuité, a dénoncé le 28 août un procès de « discrimination » et de la « haine » lié à l’appartenance ethnique de son client. Interpellé début mars et accusé notamment de « trahison » et d’ « intelligence avec le M23 », cet élu de Masisi (Nord-Kivu), propriétaire d’une société minière stratégique, est détenu depuis lors et jugé par une cour militaire à Kinshasa.
Le 25 août, le ministère public avait requis la perpétuité. La défense a estimé que les preuves que l’accusation a tenté d’apporter contre Mwangachuchu « s’articulent autour de son appartenance à l’ethnie tutsi ». « Nous dénonçons un procès de la haine et de la stigmatisation, basé sur le stéréotype et l’exclusion, un procès de discrimination », a déclaré Me Thomas Gamakolo, porte-parole du collectif des avocats de la défense.
« Les 30 audiences de ce procès ont été alimentées par un sentiment anti-tutsi et anti-Rwanda savamment entretenu par le ministère public », a-t-il dénoncé.
Cache d’armes
Selon le collectif, les poursuites contre Édouard Mwangachuchu ont été déclenchées après que « des personnes se présentant comme des “paysans hutu” membres du groupe armé Nyatura [ont] prétendu avoir découvert une cache d’armes sur le site minier de Bibatama appartenant à la SMB [Société minière de Bisunzu] ».
Âgé de 70 ans, Mwangachuchu a été présenté comme un homme qui « a une âme rwandaise [pour s’être rendu au Rwanda], c’est grave », a estimé Me Gamakolo. « Assimiler un individu à un Rwandais par les temps qui courent, comme a fait le ministère public, c’est le vouer aux gémonies, voire le condamner à mort aux yeux de l’opinion nationale », a estimé l’avocat.
En RDC, plusieurs responsables politiques ou sécuritaires arrêtés ces derniers mois ont été accusés d’intelligence avec le M23 ou avec le Rwanda.
(Avec AFP)